D’Amour à mort
Bouleversant. Démesuré. Ce sont les deux mots qui me restent à l’esprit une fois ce petit livre terminé. Bouleversant, pour le témoignage et démesuré, pour l’amour qu’on peut y lire. Evidemment...
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le 8 févr. 2013
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Récit épistolaire d’une passion unilatérale, Lettre d’une inconnue relate la bouleversante confession d’une jeune femme au bord de la mort, qui vient de perdre son enfant, à un romancier qu’elle aime depuis ses 13 ans.
Et cet amour confine au fanatisme, à l’absolu, tant la pauvre « captive » exclut tout autre sujet de sa vie, tant cet homme, pourtant collectionneur et futile dans ses rapports avec les femmes, accapare l’existence de la demoiselle. Cela en devient troublant, un peu pathétique (sans être ridicule) mais poignant. Tout à la fois cela en est presque incompréhensible, car l’auteure de la lettre, même si elle se montre à certains moments lucide sur le comportement inacceptable de son amant de quelques nuits, n’accable jamais ce dernier, n’en viendra jamais à le haïr et ce même après la mort de son enfant, même couchée au plus profond de la crasse dans cet
abattoir de la pudeur
parmi les prostituées et les médecins obscènes. Elle rejette Dieu avant de le rejeter lui.
Cet amour compulsif est quasiment l’unique sujet d’une lettre débordante de passion où les questions les plus graves n’apparaissent que succinctement (les conditions d’accouchement, les relations avec sa famille, son statut social…). Le lecteur constate avec étonnement la brièveté de l’évocation de ces thèmes, la pudeur que semble mettre cette femme dans le récit de sa vie, pour mieux en ressortir avec exaltation son amour inconsidéré d’un homme qu’on en viendrait presque nous à détester. La frontière est mince mais c’est là toute la force de cette lettre d’une inconnue, nous mettre sur la crête d’une falaise sur laquelle on penche vers la haine… retenue par la main de l’auteure qui nous ramène tant bien que mal vers l’amour du romancier autrichien.
Cette lettre à un effet considérable sur le lecteur autant que sur son destinataire, elle remue les sentiments stagnant au fond de l’homme qui tourbillonnent alors et ne peuvent ni laisser indifférents ni provoquer l’agacement ou la dérision envers un récit qui aurait pu tourner dangereusement au pathos. C’est au contraire une déclaration authentique, d’une sincérité absolue et désintéressée qui ne peut qu’émouvoir.
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Créée
le 4 juil. 2017
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