Fiction ou biographie ? Impossible de répondre à cette question. Plus j’avance dans le récit, plus mes certitudes s’évanouissent. Je reconnais bien quelques faits historiques, quelques personnages politiques russes incontournables. Et puis il faut bien l’admettre, la Russie est un pays dont j’ignore presque tout. Qu’à cela ne tienne, je décide d’aborder l’histoire comme une fiction, ancrée dans un contexte réaliste. D’ailleurs, j’ai bien acheté ce livre dans le rayon « Romans » non ? Je me laisse donc embarquer dans les aventures et les voyages de ce Limonov, increvable écrivain aux métamorphoses multiples. D’abord voyou, puis idole de l’underground soviétique, clochard et valet aux Etats-Unis, écrivain branché à Paris et soldat dans les Balkans, on le retrouve pour finir chefs charismatique du Parti national-bolchevique. Ou plutôt pour commencer. Car c’est en 2006 que débute le roman. Au moment où Emmanuel Carrère recroise le chemin d’Edouard Limonov à Moscou et décide d’écrire son histoire. S’en suit alors un long flashback nous ramenant en 1943, en Ukraine, là où commence la vie de notre personnage. Nous suivons à la trace son évolution et ses cheminements, chaque partie symbolisant son arrivée dans un nouveau pays et se clôturant sur un départ.
Dans ce livre, pas toujours facile de tout absorber. Je bloque sur certains passages, en engloutie d’autres. Il est parfois un peu ardu de s’y retrouver au milieu de tous ces personnages, fictifs ou non, que notre protagoniste éponyme croise tout au long de sa vie. Et pourtant je m’accroche. Cet homme m’intrigue, et j’espère trouver au fil des pages la clé du mystère. Mais ici, pas de résolution finale. Limonov, je n’ai pas vraiment l’impression de mieux le connaître en refermant le livre. C’est peut-être même bien le contraire. Comme si j’avais toutes les pièces d’un puzzle impossibles à emboiter.
Quelques mois plus tard, alors que je surfais sur le net, je me suis décidée à faire quelques recherches sur ce livre, dont le personnage me troublait toujours autant. Je fus très étonnée d’apprendre qu’il n’était pas sorti de l’imaginaire de l’écrivain, mais existait bel et bien. Loin de produire le déclic qui aurait répondu à toutes mes interrogations, cette information m’égara davantage. Et la question qui me trottait dans la tête s’imposa à nouveau. Mais qui est donc Edouard Limonov ?