Quand l'entrepreneur aspire à la divinité

Un bouquin d'anticipation qui fourmille d'idées originales, mais que vient gâcher malheureusement une écriture peu inspirée, voire parfois mièvre. Car sur un plan dystopique, LoveStar envoie du lourd. Magnason imagine en effet un monde dans lequel, disons les nouvelles technologies de l'information et de la communication, sont débarrassées d'un certain nombre de contingences matérielles comme le réseau ou le terminal. Ce qui permet de généraliser leur usage et, donc, à tout à chacun d'être connecté en permanence.


Et si donc l'opérateur se voit dispensé des investissements nécessaires à l'exploitation de ces technologies, il n'en a pas pour autant oublié d'en tirer un profit économique. D'autant que cet opérateur, islandais comme il se doit, possède un monopole. Et allez donc imaginer ce qu'une équipe marketing bien vorace peut en tirer : ben, c'est exactement ce que Magnason a fait dans ce bouquin. Impossible évidemment de ne pas y voir une critique acerbe de cette nouvelle économie dont on nous rebats les oreilles, non plus - sur un plan plus local - que de la cupidité qui faillit conduire l'Islande à la faillite il y a de ça quelques années. Une virulente charge, sans aucun doute, contre les Mark Zuckerberg et Elon Musk.


Car à l'instar du dernier cité, notre génial entrepreneur et apprenti sorcier va s'attaquer aux déterminants majeurs de l'humanité : la mort, la parentalité, l'amour et puis finalement dieu. Mais attention, dans une perspective de business, pour privatiser tout cela. J'en dirai pas plus, mais ça fonctionne assez bien et l'univers créé par Magnason est parfaitement convaincant et fait frémir. Un livre qui avait le potentiel pour devenir un livre culte, si, si.


Hélas, tout cela est gâché par un style qui confine parfois franchement au cucul, Je n'ai pas assez lu de Barbara Cartland pour me hasarder à faire un parallèle, mais disons que c'est un peu l'idée que je m'en fais, s'agissant des passages qui décrivent la relation fusionnelle qui unit deux des protagonistes du roman, Indridi et Sigridur. Et on va dire pour être gentil que la plupart des personnages manquent un peu de consistance, et que les ressorts psychologiques qui les animent sont un poil simplistes. Une exception tout de même : dès lors que le roman aborde la question de la sacro-sainte créativité de l'entrepreneur, ce n'est pas si mal réussi.


Voilà qui explique ma note bonne mais pas excellente en dépit de l'enthousiasme dont je fais montre dans les premiers paragraphes de cette critique. Et, sachant que ça n'est trop ardu à lire, voilà peut-être un livre qui pourrait convenir à de jeunes lecteurs, dans une optique pédagogique...

Marcus31
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lu en 2018

Créée

le 18 janv. 2018

Critique lue 258 fois

1 j'aime

2 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 258 fois

1
2

D'autres avis sur LoveStar

LoveStar
Cinephile-doux
4

Dystopie conceptuelle

Imaginez un monde où l'homme, désormais sans fil, ne communique plus que par des connexions invisibles, débarrassé de tout appareillage électronique (à l'image des oiseaux, si l'on veut). L'oeuvre...

le 5 janv. 2017

2 j'aime

LoveStar
Marcus31
7

Quand l'entrepreneur aspire à la divinité

Un bouquin d'anticipation qui fourmille d'idées originales, mais que vient gâcher malheureusement une écriture peu inspirée, voire parfois mièvre. Car sur un plan dystopique, LoveStar envoie du...

le 18 janv. 2018

1 j'aime

2

LoveStar
MandineTardy
6

Y'avait de l'idée !

En quelques mots, c'est un livre qui décrit un univers vraiment original, de façon très développée, des concepts poussés très loin et complètement psychédéliques (parfois même hilarant) ! Mais les...

le 11 juil. 2017

1 j'aime

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

35 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime