La vengeance est un plat qui se mange glacé !!!

Vers les années 1880, dans la région des Landes, vit une jeune femme, Anne, qui a force de froideur et de pragmatisme, a réussi à sauver le peu de fortune qui reste de son défunt père, celui-ci ayant un peu trop abusé de la spéculation très hasardeuse, et à vivre comme quasi-recluse dans une petite propriété de campagne... Dans le même temps, elle est fiancée à un de ses lointains cousins, Jacques, riche et dont la famille a une propriété aux alentours, la Pelouse. Mais celui-ci doit, comme bon fils d'une riche et respectable famille qu'il est, aller consolider la fortune familiale en allant un an dans les comptoirs d'Haïti... Là-bas, il va épouser la fille anglaise d'un riche négociant et accessoirement le plus redoutable adversaire en affaires de la respectable famille, qui ne se fait pas prier pour accepter cette union... Mariage qui ne va pas durer des plombes puisque Jacques va très vite mourir des suites d'une insolation, et la jeune veuve, après quelques années de débauche à Londres, va venir s'installer, tuberculeuse, à la Pelouse... Peut-être la bonne occasion pour notre vieille jeune fille aigrie et vierge de prendre sa revanche...

Écrit d'une belle plume, à une époque où on n'avait pas honte de caresser avec délicatesse la beauté exceptionnelle de la langue de Molière, par Pierre Benoit, auteur qui de son vivant collectionnait les best-sellers, mais qui, ironiquement et injustement, est quasi-tombé dans l'oubli...

Et pourtant une belle subtilité psychologique avec, de temps en temps, des allures de thriller dans cette œuvre claustrophobique et morbide, où tout est non-dits dans ce triangle amoureux avec un mort, dans cette histoire où il est suggéré que Sapho n'est pas aux abonnés absents et où Machiavel ne manque pas de faire son apparition. Une œuvre particulièrement prenante, que j'ai dévorée en une journée, prouvant que la vengeance est un plat qui se mange glacé...