J'apprécie particulièrement les histoires mettant en scène des lieux hantés. À l'approche d'Halloween, je me suis naturellement sentie encline à lire de « bonnes vieilles histoires de maisons hantées ».


Comme la plupart des recueils, le niveau des récits est inégal. Certains sont rondement menés comme « Préservons l'éternelle fontaine », « Kolka », « 145 rue Lafayette », « Cambrousse Punk » ou encore « La Vénus aux Epines », d'autres plus laborieux, comme « Motel K » ou encore « Le Murmure des Pierres ». Tous traitent de lieux hantés. Avant de détailler un peu plus mon avis sur chacune des nouvelles, je me hasarderai à une remarque plus générale : les histoires horrifiques sont dans ce recueil souvent associées à l'idée d'une perversité ou du moins d'une certaine transgression. Ceci est un peu regrettable à mes yeux. Peut-être qu'un dialogue comme « retire ta culotte » horrifierait mon arrière-grand-mère décédée dans les années 1960, je ne sais pas... Pour moi, cela ne constitue pas l'essence de l'histoire horrifique. Ce n'est pas le caractère cru d'une histoire qui présume de sa qualité en tant qu'histoire d'horreur.


Jeux d'enfants - Florine Soulas. Un jeune homme revient dans la maison abandonnée où il avait l'habitude de jouer quand il était enfant. L'idée de départ est intéressante mais le tout est un peu confus (notamment sur le nombre de personnages auquel nous avons à faire). Le dénouement est prévisible.


Motel K - Yann Isoardi. Un homme se confie à un psychiatre. Ce fut loin d'être ma nouvelle préférée. Je n'ai pas apprécié le style d'écriture ou les événements. (Je ne peux pas en dire beaucoup plus sans spoiler...inconvénient des nouvelles).


Annabelle - Jean-Charles Flamion. Un spectre hante la salle de bains d'une jeune femme et remet en question son orientation sexuelle. Cette nouvelle n'est pas à proprement parler horrifique mais le dénouement est plus qu'inattendu.


Le Murmure des Pierres - Chris Vilhelm. Un jeune homme récemment sorti d'un hôpital psychiatrique retourne dans son manoir familial après des années d'absence. Le style de cette nouvelle était assez confus, le thème de la folie a déjà été vu maintes fois...Il ne s'agit à mon sens pas de la nouvelle la plus forte du recueil.


Préservons l'éternelle fontaine - Raphaël Boudin. Un manifeste pour la protection des demeures hantées. Voilà une nouvelle qui prête à sourire. Le texte est très informatif, quasi scientifique et assorti de quelques photos (dont celle d'une vache !). Si l'horreur ne nous prend pas à la gorge en la lisant, cette nouvelle nous permet cependant de passer un bon moment le temps de quelques pages. Elle offre un contraste plutôt heureux avec la nouvelle précédente..et celle à suivre.


Amphytryon - Quentin Fourreau. Une vieille abbaye normande est hantée par son passé. En échange de son exorcisme, elle offre l'occasion à une jeune SDF séropositive de se venger de son ancien petit ami. Je suis plutôt mitigée au sujet de cette nouvelle. J'aime l'idée d'une demeure possédant son esprit propre mais j'ai moins apprécié l'évocation (certes sans détails!) de scènes de viols sur des enfants. On pourrait me répondre que c'est de l'horreur...et ce serait tout à fait mais c'est davantage le dégoût qui m'étreint quand je lis ce genre de choses.


65 de la rue Bouscarrat - Jérémy Bouquin. Une jeune femme, adepte du street art, se rend dans un ancien bordel pour y réaliser des graffitis. Cette nouvelle est assez décevante: elle aurait pu être plus forte si elle n'avait pas développé certains passages sur un autre personnage, qui rendent la conclusion confuse. En outre, le personnage principal semble peu crédible en jeune femme branchée des années 2010 (elle aurait été plus à sa place dans les années 90). Enfin, je ne suis pas médecin mais la conclusion elle-même me paraît peu vraisemblable d'un point de vue biologique.


Kolka - V.F.F. Pouget. Un couple de touristes français, accompagné de leur jeune nièce, se rend en Islande pour les vacances mais se perdent dans la brume. Une de mes nouvelles préférées. Le style est fluide, les personnages crédibles et l'histoire quoique prévisible laisse place à l'imagination grâce à une fin ouverte.


145 rue Lafayette - Antoine Techenet. Deux explorateurs urbains croient dénicher le gros lot dans une demeure haussmannienne parfaitement conservée. Une autre de mes nouvelles préférées. Le rythme est parfaitement maîtrisé, le style agréable. Les personnages, bien que peu détaillés, réussissent à susciter l'empathie.


Classifié - Emmanuel Delporte. Une jeune femme est retrouvée démembrée dans un tunnel de la petite couronne, la police mène l'enquête. Le changement de style est bienvenu : la nouvelle, après un prologue mettant en scène la victime, se base sur les documents judiciaires contenus dans son dossier. Il s'agit sans doute de la nouvelle la moins « centrée » sur une maison hantée.


Métafiction - Mahaut Davenel. Une femme est séquestrée par son libraire. L'idée de cette nouvelle est intéressante mais son traitement peine à convaincre.


Dans le placard - Hélène Duc. Une petite fille attend le retour de son père. Il est toujours périlleux de faire de son narrateur un enfant et que reproduire le style parlé dans le récit. À ce titre, cette nouvelle s'en tire plutôt bien mais pas parfaitement. L'histoire est quant à elle un peu plate.


Cambrousse Punk - Mickaël Freugray. Un punk SDF hérite de la maison de sa défunte tante et décide de s'y installer. J'ai au départ été quelque peu lassée de « retomber » sur un héros SDF dans un recueil déjà remplis d'arpenteurs urbains en tous genres. Celui-là est cependant bien différent : il possède une sacrée dose d'humour. On s'amuse énormément dans cette nouvelle narrée par ce punk sans langue de bois.


Iravel - Vincent Tassy. Un couple de nobles vit un amour platonique, au grand désespoir de l'homme contraint à se soulager tout seul en pensant à sa belle.
À la différence de la nouvelle précédente, ce récit est très bien écrit. Trop bien écrit sans doute. Il vise sans doute à reproduire ici le style des nouvelles gothiques. Cependant, le style très lourd et la thématique de l'histoire (l'abstinence, la pureté, le désir) lassent vite.


Les Murs de Blackat - Nicolas Saintier. Un couple s'installe dans un nouveau manoir en Ecosse; la jeune femme ne tarde pas à y ressentir une présence. Cette nouvelle se lit assez facilement. On devine cependant assez vite la nature de sa conclusion.


La Vénus aux Epines - David Mons. Un jeune étudiant découvre une demeure anglonormande dont toutes les surfaces en bois sont couvertes d'épines et transmettent à qui les touche un étrange SOS. Une nouvelle plutôt bien menée et que j'ai apprécié. J'ai néanmoins été quelque peu agacée que le motif d'intérêt de l'étudiant pour la demeure soit une femme chimérique.


Dehors il neige - Bruno Pochesci. Un homme grandement brûlé sans la mort approcher. Une nouvelle apocalyptique qui ne m'a pas entièrement convaincue, en partie parce que je n'attendais pas à en trouver une sur ce thème dans un recueil de ce type.


La plupart des nouvelles sont illustrées. Mon illustration préférée est celle réalisée par « Tim » sur la nouvelle Kolka.

Mara
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le 1 nov. 2015

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