Marelle
8.2
Marelle

livre de Julio Cortázar (1963)

Marelle est un livre de près de 600 pages composé de petits chapitres qui pourraient presque se lire indépendamment les uns des autres. L'auteur propose deux méthodes pour lire son livre. La première est une lecture classique des 56 premiers chapitres dans l'ordre; la seconde consiste en un enchaînement prédéterminé qu'il faut parcourir comme suivant un fil d’Ariane l'ensemble des textes en faisant d'incessants allers et retours.

Cette dernière façon de mener la lecture fait alterner narration classique, réflexions philosophiques, citations et expérimentations littéraires.
Horacio Oliveira fait partie d'une petite bande d'Argentins menant une vie de bohème à Paris à la fin des années 50, il vit avec la Sibylle qui le fascine par sa capacité à voir spontanément la poésie dans la vie de tous les jours alors que lui a besoin de discussions sans fin avec Gregoriovus, intellectuel Roumain intégré dans la bande et de méditations sur lui et les autres. Questionnements sans fin sur l'art (la peinture, le jazz, la littérature), la vie, la conscience de la vie, entre surréalisme et bouddhisme zen. Discussions à propos de Morelli, un obscur écrivain dont nous pouvons suivre les réflexions et essais, et que l'on finit par reconnaître comme l'auteur même de Marelle. Le groupe va retrouver par hasard Morelli, victime d'un accident, et finalement classer les feuillets éparts laissés dans son appartement Parisien.
Quand survient la mort de Rocamadour, le bébé d'Oliveira et de la Sibylle, Horacio se détache et retrouve l'Argentine où demeure son ami Traveler. Il voit en Talita, la campagne de Traveler, un double de la Sibylle, et se voit lui-même double de Traveler, et peu à peu, au travers d'expériences surréalistico-mystiques (comme tendre deux planches entre les deux fenêtres de leurs appartements se faisant face et demander à Talita de les traverser pour apporter du Maté), l'opération semble finir par se faire, dans un hôpital de malades mentaux, ou la vie se termine en une boucle infinie de sensations habituelles.

La structure qui semblait artificielle sert admirablement le "roman" qui est tout aussi bien un essai, ou mieux, une expérience philosophique. Cortazàr arrive à plier le livre, les pages, selon l'histoire qu'il raconte. On ressent une énergie qui, à partir des mots, cherche à ensorceler les personnages, le narrateur, le livre, le lecteurs et jusqu'à la réalité elle-même.
Une expérience de lecture inoubliable.
rhumbs
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le 24 nov. 2011

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