Chers professeurs,
Je viens de refermer la biographie de Marie-Antoinette, les quelques 500 pages de Stephan SWEIG. Pourquoi, ô grand pourquoi, ne pas avoir utilisé ce magnifique ouvrage comme outil pédagogique ?
Jamais je n’avais aussi bien cerné les origines de la Révolution. Je n’y voyais que le rejet d’un Ancien Régime, à bout de souffle, sans connaître le rejet encore plus profond d’un couple, d’un Roi sans autorité ni intérêt, et de sa femme, Mme Déficit.
Jamais je n’avais aussi bien compris la chronologie des événements, et notamment la longueur du temps écoulé entre la prise de la Bastille, l’instauration de la République, et la chute des têtes royales.
Jamais je n’avais autant pris conscience de l’importance de la dimension internationale de la Révolution, des guerres qui frappaient l’Europe, et qui auraient pu mettre à mal le nouveau régime politique. La Révolution n’était pour moi, jusqu’à présent, qu’une affaire franco-française.
Jamais je n’avais tant admiré Marie-Antoinette, cette femme si adorée par les uns, si détestée par les autres, et dont la force de caractère était inébranlable. Je connaissais d’elle son goût pour les frivolités, le théâtre et les bals masqués. Je savais la distance qui la séparait de son peuple, et qui a causé sa perte. Mais j’ai été effarée de la suivre dans les débuts de ce mariage d’Etat, pauvre adolescente qu’elle était à devoir renforcer la paix en Europe en tentant d’honorer son devoir conjugal avec un mari impuissant. J’ai été surprise de la découvrir dans son rôle de mère, et d’amante fidèle. Et j’ai été saisie par ses capacités de diplomate à la fin de sa vie, et par sa dignité intouchable.
Jamais je n’avais été tant émue par sa fin tragique, en imaginant son corps sans vie transporté dans une brouette, la tête entre les jambes.
En redonnant vie à cette Reine, Sweig a redonné vie à l’Histoire de France ; à cette Révolution si primordiale dans la connaissance de notre histoire politique moderne, et pourtant si caricaturée. Il a mis en exergue ses contradictions, et son évolution depuis ses débuts intellectuels jusqu’à sa fin dans la Terreur.
J’aurais aimé que chaque page de notre Histoire fasse l’objet d’un ouvrage aussi bien documenté, et dont la lecture est aussi fluide. Il n’en est rien. Mais pourquoi ne pas utiliser ceux que nous avons sous la main ?