Marie Stuart a vu le jour en 1542 en Ecosse. Elle est écossaise par son père et française par sa mère (qui appartient à la famille de Guise). Nous sommes à la Renaissance, François Ier a rapporté Leonard dans ses bagages en rentrant de sa campagne d’Italie. Les châteaux ont poussé comme des champignons dans le Val de Loire et Marie Stuart, à des centaines de kilomètres plus au nord, s’apprête à vivre un destin hors du commun.

Son père décède alors qu’elle n’a pas encore achevé sa première semaine de vie. A six jours, la voilà déjà propulsée sur le trône. A quatre ou cinq ans, elle est fiancée au dauphin de France et envoyée au pays qui n’est pas encore celui des Lumières où elle est reçue en reine. Telle est l’histoire de la vie de Marie Stuart : tout lui est tombé dessus alors qu’elle n’avait même pas encore eu le temps d’en rêver. A la tête de la France, elle ne reste qu’un an : François II, le petit garçon avec lequel elle joua enfant, meurt à l’adolescence. Pas encore vingt ans et déjà veuve, déchue du trône de l’un des pays les plus puissants de l’époque.

De retour dans ses Highlands natals, elle découvre un pays dont elle ne se souvient pas. Elle croit revenir un siècle en arrière tant l’Ecosse lui paraît barbare. Elle se heurte aux lords et à son demi-frère qui, en son absence, gouvernaient tranquillement en son nom. Elle se heurte également à la reine d’Angleterre dont elle revendique le trône : Elisabeth serait une usurpatrice. Marie, selon les lois ancestrales de l’hérédité, affirme être la souveraine légitime et a hâte de s’installer à Londres.

Elle se heurte également aux protestants. En ce XVIe siècle, la Réforme gagne du terrain. Après avoir envahi l’Angleterre, de nombreux écossais se sont convertis à la nouvelle religion.

La vie de Marie Stuart n’a rien eu d’une sinécure. Belle, exaltée, prenant sans hésiter les décisions les plus difficiles, fonçant tête baissée, réfléchissant souvent a posteriori. Marie Stuart incarne le souverain flamboyant du Moyen-Age pour lequel tout est une question d’honneur. Elle est reine et doit être obéi. Elle ne vit pas pour son pays mais son pays doit vivre pour elle. En cela, elle s’oppose également à Elisabeth sa grande rivale, elle qui hésite constamment, qui tergiverse, intrigue, trahit à tour de bras, mais qui écoute et se préoccupe de ses sujets.

Une époque odieuse, violente, conflictuelle. Une transition entre l’ère médiévale révolue et l’époque moderne qui se met en place progressivement et qui verra, plus tard, l’avènement des Louis XIII et XIV.

Une biographie d’un immense réalisme. Zweig excelle dans cet exercice. Son texte est toujours passionnant. Il y glisse fréquemment ses propres sentiments, ses propres critiques, n’hésitant jamais à l’emploi d’un trait d’ironie ou d’un sarcasme. Une existence qu’il met à de nombreuses reprises face aux tragédies de Shakespeare, estimant que le dramaturge pioche dans l’Histoire lorsqu’il écrit MacBeth ou Hamlet. Un portrait tantôt tendre, tantôt sévère de la reine romantique qui contribue à construire sa légende.

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le 13 janv. 2015

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