Mars
7.8
Mars

livre de Fritz Zorn (1975)

La tentation d’être sympathique et compréhensif vis à vis de Zorn provient non pas de la mort imminente (à la rigueur, ça n’a d’intérêt que pour lui) mais en ce qu’il a identifié, sans réel ressort extérieur, son ennemi : la bourgeoisie (et son masque). Son approche de la philosophie constituent un éveil non moins intéressant aux thèses existentialistes. On appréciera comme il exécute à posteriori son père en une demi-ligne (krari, «J’avais zappé mais le daron s’est péta un anévrisme chanmé, coudtête-balayette»), son «humour cosmique» indéniable qui l'empêche de ne dégouliner jamais dans le larmoiement, son savoureux incipit, bien sûr. Enfin, terminer Mars mi-janvier procure l'agréable sensation d'être en avance sur son temps.

Problème pour Zorn, l’imminence réduit le temps de relecture et presse le propos. Conséquence : le style frôle souvent celui de la dissertation de philo. Sujet : «Expliquez en 300 pages en quoi votre vie n’a été qu’une tartine de merde au travers du prisme parental. Vous avez 1 an et demi, et vous êtes gravement malade». Le récit bégaie par trop, les phrases sont lourdes, les comparaisons branlantes.

«Mars» est le non-testament d’un bourgeois névrotique faisant sa crise d’adolescence en même temps qu’il expie, non aux «Pieds de la Croix», mais dans une amusante eschatologie satanique. 6 mois supplémentaires, et il se scarifiait du Sepultura (l’amigo est professeur de portugais) sur les avants-bras.
Nul doute que s’il n’avait été consumé par son carcinome à l’âge bête, avec quelques cours de chant, il eut donné un Robert Smith plus-plus.
Latrouille
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le 21 janv. 2013

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