Mars la rouge par Pierre Marot

Malgré un très léger défaut sur la forme du livre (l'ouverture du l'assassinat de John Boone, passage qui est intervient finalement 400 pages plus loin et qui gâche un peu l'intérêt qu'on aurait pu avoir sur le triangle John/Franck/Maya), ce long livre se lit d'une traite.
C'est la colonisation de Mars comme si vous y étiez - et c'est pas propre, pas propre du tout. Mars est un territoire pur au début du livre, mais très vite, ce sont des humains qui prennent la destinée de la planète en main, des humains aux intérêts contradictoires, entre les Rouges qui voudraient garder Mars comme au premier jour, les Verts qui veulent la terraformer le plus vite possible, ceux qui veulent garder les liens avec la Terre et ceux qui veulent les rompre, c'est un beau bordel.
Et au cœur de ce bordel, les 100 premiers, que l'on suit depuis le voyage inaugural dans l'espace jusqu'à l'accueil des premiers vrais colons (les 100 premiers étant essentiellement des scientifiques), en passant par la construction de leurs premiers abris. Des personnalités fortes, intéressantes, humaines et crédibles, chacune ayant ses ambitions, ses forces et faiblesses, qui commencent par se heurter les uns aux autres dans un espace décidément trop petit pour ces egos (le vaisseau spatial puis la première installation définitive) - et se retrouvant finalement bien seuls, ensemble ou non, lorsque la vraie colonisation se déroule.
C'est également un roman véritablement Hard SF, aucun aspect de la géologie martienne ne nous est épargné et quand l'auteur plonge plus profondément dans l'anticipation, il prend toujours soin de garder l'apparence de la crédibilité. Cette anticipation est toujours au service de l'histoire, jamais l'inverse - et si on est dépaysé par les paysages martiens, si on s'enfonce dans la fascination que l'auteur peut avoir envers cette planète, elle n'est jamais qu'un décor à une histoire, des histoires, passionnantes.
Un véritable chef d'oeuvre, et les deux œuvres qui forment avec elle la trilogie martienne méritent véritablement leur place dans une bibliothèque, au-côté d'Asimov.