Bien mais pas encore aboutit

Dans ce roman « chick-lit », tous les ingrédients sont réunis pour nous faire passer un agréable moment sans se prendre la tête.

C'est un auteur masculin qui nous emmène dans son univers avec une héroïne féminine. C'est rare et pour le coup, ça peut être soit très réussi, soit complètement raté. Heureusement, l'écrivain allemand arrive à nous convaincre grâce à son humour décalé et son imagination débordante.

Kim Lange, l'héroïne de ce roman est une célébrité en Allemagne. Pour recevoir le prix de la télévision allemande elle délaisse sa fille le jour de son anniversaire et lui promet de rattraper ce temps perdu. Le soir même, Kim meurt, écrasée par un lavabo venant de l'espace ! Elle est réincarnée en fourmi pour la punir d'avoir accumulé tant de mauvais karma, c'est là le début d'une longue série d'aventures plus rocambolesques les unes que les autres.

« - Qui croit en Odin de nos jours ?
- Quasiment personne. Le pauvre vieux en est tout déprimé.
Etonnée, j'imaginais Odin se plaignant à Jésus et à Bouddha pendant le diner, et envisageant de prendre un attaché de presse pour faire remonter la cote de popularité de sa religion. » (p.235)

« Maudit karma » rassemble les clichés de la chick-lit sans tomber dans ses travers. Peut-être est-ce dû à l'auteur qui est un homme ? Dans tous les cas, il a su doser chaque élément. L'humour est présent mais il peut laisser place à l'émotion facilement sans que le tout soit trop mièvre.

« [...] je restai assise au bord de la lagune avec Alex, à parler, parler, parler. Nous aimions les mêmes films [...] et les mêmes livres [...], nous détestions les mêmes choses (les profs). Quand le soleil se leva à nouveau sur Venise, je dis à Alex : « Je crois que nous sommes des âmes sœurs », et il me répondit : « Je ne le crois pas, je le sais. »
Comme quoi, on peut vraiment se tromper ! » (p. 29)

Malgré que le récit s'inscrive dans notre monde contemporain avec des personnages qui paraissent réels ; l'auteur introduit des éléments fantastiques qui ne dénotent pas une seconde. Le tout est décidément bien ficelé et sans faiblesse dans le déroulement de l'histoire.

Par contre, on peut sentir à certains moments que l'écriture et l'élaboration des personnages ne sont pas encore assez aboutis. Les évènements un peu trop prévisibles parfois jonchent la lecture et ce n'est pas très agréable. Mais pour un tout premier roman on peut pardonner ces petits défauts de l'auteur.

« Maudit karma » est donc un livre terriblement drôle qui nous touche et qui nous fait passer un très bon moment de détente. Mais malgré tout, on regrette que le tout ne soit pas encore assez aboutit. Un auteur à suivre donc !

David Safier. Maudit karma. Paris : Presses de la cité, 2010. 342 p. (Pocket). ISBN 978-2-266-19239-2