En se confrontant, sans concessions mais avec objectivité et bienveillance, à la jeune fille ignorante des choses de l’amour qu’elle était, ivre de sa première histoire et abusée par un homme qui n’a pas su voir en elle la petite fille éveillée au monde des adultes, Annie Ernaux se livre sans fard mais avec beaucoup de courage.
De pages en pages, elle dessine celle qu’elle était à la lumière de celle qu’elle est devenue. Une plongée dans son passé qui alterne brillamment entre réflexions au présent et actions du passé, sans enjoliver ni repenser ce passé fait d’erreurs, d’attentes et de maladresses. Car c’est bien en acceptant cette vision, sublime et intime qu’Annie Ernaux prouve toute sa grandeur d’âme et sa force de caractère. Oui, c’était bien elle cette jeune fille avide de découvertes, soucieuse de trouver une histoire d’amour idéale, abusée dans ses désirs et brimée dans ses attentes.
Une oeuvre écrite, sur le fil d’une pensée, qui aurait tantôt fait de basculer vers un malheureux voyeurisme ou vers une franche impudeur mais qui parvient, par une écriture franche et plutôt directe, à créer un lien bienveillant entre passé et présent, désillusions d’adolescence et vécu de femme. Une belle façon de parler à celle qu’elle était et grâce à qui elle est devenue celle qu’elle est aujourd’hui.
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