Comme la plupart des lecteurs, je ressors indécis de cette épopée souterraine. Metro 2033, dont je vous épargnerai un énième synopsis (moi flemmard ? non jamais), nous offre un long et inégal récit alternant entre des pages interminables où il ne se passe rien ou presque, avec des moments d'effrois parfois intense et/ou d'action. 850 pages plus tard le lecteur peut à juste titre se sentir frustré par la sensation étrange d'avoir fait du surplace. Le personnage central, Artyom, n'évolue guère et la situation initiale, dans les méandres du métro moscovite, au mieux s'est légèrement aggravée au pire a littéralement stagné.
La narration à la première personne accroît cependant l'immersion et le sentiment de vulnérabilité du lecteur mais dans le même temps vient balayer tout souffle épique ou compréhension d'ensemble. C'est très contemplatif et très subjectif. Obligé de se coltiner le regard candide d'Artyom sur chaque personnage, chaque station de métro, chaque système politique précaire mis en place...chacune des informations en fait puisque Artyom, c'est en quelque sorte vous-même. Le récit devient par conséquent un peu lourd et répétitif mais on pardonnera l'auteur qui a su malgré tout donner vie à son Métro. Par ailleurs, j'ai été agréablement surpris par le premier tiers du roman, en particulier les passages de démence et de frissons dans lesquels l'auteur retranscrit avec une justesse inouïe une peur enfantine : celle du noir. J'ai en mémoire un passage dans lequel l'auteur décrit la présence réelle ou supposée d'une entité se rapprochant petit à petit d'Artyom alors que celui-ci erre dans le noir le plus opaque. Malheureusement j'ai trouvé que l'aspect organique et terrifiant du Métro, savamment mis en place par Gloukhovski au début des aventures, disparaît avec le temps pour laisser place à une autre menace moins évocatrice pour ne pas dire banale : les nazis, les cannibales etc. Très terre à terre tout cela même si infiniment plus crédible que des esprits vengeurs, j'en conviens.
Globalement Metro 2033 demeure un bon livre. L'écriture est, me semble t-il, d'un bon niveau malgré la longueur de certains passages. On regrette que l'histoire mette autant de temps à se dérouler, que le héros principal ne soit qu'un simple jouet du destin complétement dépendant des autres, que des personnages bien travaillés et super intéressants disparaissent de la circulation d'un coup d'un seul et que la fin soit aussi...étrange. Le retournement de situation final apparaît comme complètement artificiel et n'apporte rien si ce n'est l'idée que l'homme est une étennelle merde capable seulement de destruction. Que ce soit vrai ou faux, là n'est pas la question. La question est de savoir si nous avions envie de lire cela à la fin de Metro 2033. La réponse est non. C'est sorti de nul part, ça ne concorde pas nécessairement avec l'idée que l'on se fait des entités "Noirs" depuis le début du récit, bref, c'est hors-sujet. Heureusement que le dernier chapitre "L'évangile selon Artyom" vient redorer le blason d'un roman en dents de scie. Enfin on louera l'auteur russe pour son indépendance intellectuelle, sa capacité à ne pas rentrer dans les codes de la bienséance vis-à-vis de toutes les idéologies fascistes d'aujourd'hui : féminisme, écologie, tolérance blablabla. Il s'en bat les couilles et c'est tant mieux. Merci Dmitri ! Malgré tout, j'ai préféré le jeu vidéo. C'est ainsi.