Cette note est supérieure à la moyenne car j'ai fini par me prêter au jeu.

Finalement, Clay serait [presque] attachant, et avec finesse, Ellis parvient à nous le rendre vivant.
Nous sommes effectivement face à un récit à la première personne dont, pourtant, le narrateur nous est presque inconnu. Ce qu'on sait de lui semble se résumer à son nom et à sa richesse. Pourtant, dans les passages en italique évoquant son passé, et à travers ce désintérêt pur de la vie et de tout en général, on en vient à éprouver une petite affection pour cet adolescent qui est sûrement, à vrai dire, plus vivant que ses fréquentations.

Cependant le récit de perd pas pour autant son caractère (voulu) d'énumération sans but, vide, dénonçant l'affreuse débauche et crétinerie des jeunes riches de L.A. C'est par là-même qu'on est comme abruti, rendu apathique par le spectacle de cette jeunesse odieuse, méprisable et futile qui voit le monde défiler avec indifférence et drogues variées. Pour un peu, on a des envies de suicide. Ou alors de meurtre en série, pour éliminer tous ces décadents personnages.

Le procédé d'écriture est réussi, et on ressent le vide voulu et dénoncé par l'écrivain. Cependant, ce vide est à la fois une preuve de talent et un naufrage : on semble effleurer un monde, on devient vide à son tour, et on sait que très vite, on aura oublié le livre. Très vite, la nausée ressentie sera un vague souvenir et à l'idée de le relire, on sera comme amorphe. Et puis tant de pages pour du vain, c'est un peu trop.

En conclusion, un livre dont on vient à bout, même si le début est difficile, et pour lequel il peut être très distrayant de tenter de retenir tous les noms des personnages... Mais surtout un livre dont la portée est le malheureux résultat : une nauséeuse indifférence -presque plus horrible que de la tristesse. A lire avant de mettre fin à ses jours.
Eggdoll
6
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le 11 janv. 2011

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Eggdoll

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