Si ce roman a deux narrateurs, c'est une pluralité de points de vue qui est offerte, pour deux raisons, en fonction des humeurs et impressions changeantes de ceux-ci, soumises à des introspections et variations où la sérénité s'avère vite passagère, mais aussi des points de vue des autres personnages.
Tout cela s'opère dans une narration truffée de détails filés de manière assez impressionniste.
Ce style est assez novateur, et est lié à Proust dans le souci du détail, mais, chez ce dernier, l'analyse psychologique se fait de manière externe, alors que le lecteur est livré au récit comme par caméra embarquée ; il le vit de l'intérieur.
Cette atmosphère étrangement bouillonnante, même au comble de l'inaction, a sa forme de génie, mais m'a mis mal à l'aise, par son aspect sombre, aggravé par son absence de distance. On apprend beaucoup sur la sociologie et l'état d'esprit d'une époque.