Le titre poétique et sorte de métaphore filée tout le long du roman est très aguicheur.
Je m'y plonge donc avec avidité. Je suis d'abord charmé par la narration tout a fait séduisante et attendrissante de notre jeune Jean Louise Finch (dite Scout) mais je déchante rapidement.
Le style de Lee n'est pas riche, l'intrigue si elle est parfois entrainante demeure majoritairement plutôt plate et fade. Les personnages (hormis Atticus Finch) sont pour moi insipides .
Quant à la moral, car contrairement à ce qui est avancé dans la postface de mon édition il y a bien une moral, Elle est très mal développée tout le long du roman et ne devient percutante que sur le tout dernier dialogue de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (et j'ai eu ce sentiment navrant que tout reposait sur cette conclusion). D'abord le regard censé être innocent de Scout mais qui ne l'est pas tout a fait et qui devient pesant au fur et à mesure que l'on progresse dans l'intrigue. Ensuite ces passages mielleux et niais à mon goût d'Atticus Finch (l'avocat et père de Scout) comme avec sa plaidoirie ou certaines remarques surfaites à ses enfants. Problème de dosage et d'équilibre donc.
Au-dela de la façon dont elle est rapportée, cette moral altruiste ne m'a pas convaincu. Harper lee la défend mal (bien pour l'époque?). Ainsi en laissant de cote les histoires secondaires comme celle du Boo Radley le point d'orgue de ce roman qu'est le procès de Tom Robison, noir accusé du viol d'une blanche, est un mauvais plaidoyé contre le racisme et la ségrégation. Les arguments avancés sont superficiels au possible et dignes d'un enfant de l'âge de notre héroïne (peut-être est-ce volontaire si un publique particulier est visé mais ça me semble peu probable et ce serait regrettable...).
Le succès de ce roman au pays d'oncle Sam peut largement s'expliquer par le contexte socio-politique de l'époque ou il a été publié (forte ségrégation et culture raciste encore plus forte à l'époque) et par le "bon esprit américain" qui imprégne chaque page.
En revanche je suis surpris qu'au XXIème siècle on parle encore tant de ce livre même si de part ses intentions bienveillantes sa lecture reste legitime et digne d'intérêt.
Edit : En fait ce qui me gêne dans la moral altruiste de ce livre c'est qu'elle n'est pas percutante parce que l'auteur qui a sans aucun doute une propension a la tolérance ne sait pas se mettre (paradoxal eu égard de ce quelle avance en conclusion de son roman) à la place de ceux qui ne sont pas tolérants. Et le fricotage entre soi c'est facile mais sans la portée que j'espérais y trouver. Du coup le livre est malheureusement amputé d'une partie de son intérêt (mais ça c'est juste "préjudiciable" vis-à-vis de mes attentes à moi !)