L’insouciance de l’enfance, les souvenirs, l’apprentissage de la vie et l’évolution des mentalités dans une Amérique où la ségrégation, 70 ans après la guerre de Sécession, est gravée dans le marbre sont les principaux thèmes que l’on retrouve dans le roman Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de l’écrivaine Harper Lee. Paru en 1960, Lee s’est en grande partie inspirée de son enfance en Alabama.


Se déroulant dans les années 30, lors de la grande dépression, le point de vue de l’enfant est magistralement exprimé. La situation économique catastrophique et préoccupante aurait prix une toute autre place d’un point de vue adulte. Du point de vue de Scout, entourée par ce précieux amour paternel, seul quelques observations ou paroles de son père Atticus lui font comprendre que la situation est inhabituelle, mais à la façon d’un orage qui gronde au lointain et dont la route ne croisera pas la maison des Finch.


Le livre peut paraître simpliste, le style n’est en rien exceptionnel, mais voilà, l’ouvrage a été vendu à plus de 40 millions d’exemplaires. Sa réussite est due à l’âme du livre. Une douce mélancolie se niche entre les lignes et fait ressurgir nos souvenirs de jeunesse, lorsque chaque jeu et péripétie prenait des allures de véritable épopée. Le roman fait un bel écho aux propres souvenirs du lecteur et de ses souvenirs d’enfance.


Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est souvent mis en avant dans la lutte contre la ségrégation et les discriminations par le biais du personnage d’Atticus Finch, pour qui la valeur d’un homme est dictée par ses actes et non sa couleur. Le combat qu’il livre en tant qu’avocat lors de la défense de Tom Robinson, un jeune noir accusé injustement du viol d’une femme blanche, et également l’éducation respectueuse et raisonnée qu’il donne à ses enfants Scout et Jem en font un modèle dans cette Amérique de 1960 en pleine mutation.


Une des singularités d’Harper Lee est le fait de n’avoir jamais publié de livres en dehors de son unique roman. Enfin, jusqu’à cet été 2015 où la romancière a publié la suite de son livre culte. Cette suite, Va et poste une sentinelle se déroule une vingtaine d’années plus tard et permet au lecteur de suivre une Scout adulte qui découvre le Mouvement des droits civiques. Un manuscrit qui avait été écrit avant l’histoire de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur mais qui avait été refusé par l’éditeur. Un beau cadeau pour les fans, en espérant que la romancière de près de 90 ans ne s’est pas fait «déposséder» de son ouvrage.

Vincent-Ruozzi
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le 25 déc. 2015

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Vincent Ruozzi

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