"Nos Etoiles Contraires" est un roman magnifique.
Les gens semblent parfois s'acharner à vouloir en transmettre une image peu fidèle, avec des phrases fondues dans un moule ennuyeux: "oh-my-god-trop-triste-j'ai-pleuré-toutes-les-larmes-de-mon-corps!", "oh-c'est-un-beau-livre/film-mais-qu'est-ce-que-j'ai-pleuré!". Tu ajoutes une photo de ton chai tea latte chié par Starbuk, un hashtag #sundaycocooning et une bonne citation qui une fois tirée de son contexte sent la gerbe, et te voilà 100% intégré à TUMBLR.
Les problème, dans ce processus d'intégration et plus largement de communication, c'est que le reflet ainsi renvoyé de l'oeuvre est lache. Ce n'est pas fidèle. Car si un seul message devait être relevé de ces quelques centaines de pages, c'est le suivant: il est impératif de ne pas oublier de vivre.
Et vous l'aurez donc compris, je suis certain de ne rien vous apprendre: malgré un effectif "grand tragique" dans cette histoire, il existe une envie fougueuse et irrésistible de vivre à la lecture de tous ces mots.
John Green ne réinvente pas ici ses schémas d'écriture. Vous reconnaitrez sans peine les grandes façons d'aborder l'adolescence et les remaniements qu'elle implique, vous reconnaitrez la facilité de Green à rendre palpable la réalité de ses personnages.
Mais vous constaterez également qu'avec ce tome, Green est au sommet de son art. Si la nostalgie et l'exaltation de la découverte me feront toujours préférer "Qui es-tu Alaska?", il faut avouer que Green tient ici probablement sa grande-oeuvre.
L'immense imprévisibilité de ces malheurs, la fulgurance de ces héros à qui l'on impose une heure de gloire précoce, l'intelligence frénétique de ces personnages qui soudain réfléchissent à des thèmes qu'une justice morale "réserverait aux adultes"...Tout ça dope le talent de Green qui prend dans ce bouquin son envol et emporte une bonne fois pour toute le respect de la critique et l'estime de ses lecteurs.
On pourra toujours rechercher les quelques détails ou tics littéraires désagréables de Green. On en trouve: c'est le cas des nombreuses "références culturelles", qui parfois semblent peu justifiées ou sonnent maladroites. Mais voilà: là n'est pas le propos de ma critique.
J'espère juste vous convaincre de vous engager dans cette belle histoire, pleine de verve et d'énergie, qui met en scène un couple au charisme fou et aux espoirs sans limites.
Les romans de Green ne sont pas des chefs-d'oeuvre, mais ils me rendent meileur. Et rien que pour cela, je continuerai à lire son oeuvre.
Wazlib
8
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le 25 déc. 2016

Critique lue 168 fois

Wazlib

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