Une empreinte indélébile (qui a dit débile ?) 1983, 11 ans alors, et dans mon esprit, Phil Collins est avant tout le chanteur et le batteur de Genesis, et c'est bien là que porte mon intérêt. Bien plus que "Phil Collins" solo, à part ses deux premiers albums, excellents, "Face Value" et "Hello ! I must be going !". Et c'est bien tout le problème que ce livre va me révéler : dans son autobiographie, Phil Collins laisse loin derrière, en décor de fond, les répètes, les chansons, les albums, les concerts faits avec Genesis. Steve Hackett y est inexistant, Tony Banks et Mike Rutherford apparaissent comme deux snobs distants un peu aristos sur les bords - voire pire, la musique-même de Genesis l'ennuie dit-il, à part "The lamb lies down on Broadway", qu'il arrive a remettre sur la platine de temps en temps. Seul Peter Gabriel a une aura, une créativité, et une reconnaissance qu'il jalousera toute sa vie - et pour causes...


Lorsque l'on passe ses quelques moments survolées passés avec Genesis, il nous reste dans ce livre ce que je pourrais résumer ainsi : "Je voulais absolument être batteur professionnel - à tout prix- un groupe d'aristos coincés m'ouvrent la voie (la voix ?), on fait des concerts, ça y est je suis pro, Peter Gabriel se barre, je prend le job, je me marie, je suis trompé, j'en souffre, cela donnera l'immense succès de "In the air tonight" et l'album "Face Value". Deux albums à raconter ma souffrance que cette femme odieuse m'a fait - quoi oser tromper Phil Collins ? - Puis nouvelle femme, je la trompe avec mon amour de jeunesse, demande pardon, la re-trompe avec une Suissesse de 21 ans - parce que j'ai beaucoup souffert avec ma première femme, hein - et je lourde ma seconde femme avec enfant par Fax, deux fois, parce que je trouvais que c'était un moyen de communication plus rapide, et après j'étais en pleine crise de la quarantaine, l'Angleterre m'a détesté à cause de ce putain de fax de rupture - comment on ne peut pas séparer de sa femme par fax ? - et à bout de nerfs, j'ai aussi largué Genesis. Voilà. Je peux maintenant écrire peinard mes chansons pour Walt Disney."


Je dois dire que j'ai trouvé gênant de lire ces pages concernant ses tromperies. Croit-il vraiment que cela soit intéressant ? Autant je sentais de la compassion lorsqu'il décrivait ses moments où, toujours sur les routes, sa première femme Andy sort avec le décorateur d'intérieur (et quel intérieur !), l'homme souffre, c'est injuste, puis elle repart au Canada, avec les enfants. On sent presque de la haine pour cette femme qui nous parait égoïste. On ressent mieux encore des titres tels que "Please don't ask", "In the air tonight", "Misunderstanding". On sent la rage palpable encore dans son second album, avec "I don't care anymore" (j'en ai plus rien à foutre). Cet homme souffre, et cette souffrance se transforme en créativité, et nous donnera un excellent album "Face Value", et un second album plus noir encore, dénigré par la critique, mais que je trouve spécial, moins accessible, plus proche même du côté tordu de Peter Gabriel.



I am the faxman



Puis, quelque pages plus loin, tout ce qu'il nous raconte là s'annulera. Il passera de la victime humiliée, au connard de base assez banal. Il trompe sa femme avec son amour de jeunesse retrouvé, il merde, s'en excuse, puis réitère, avec une jeune femme de 21 ans. On tombe vraiment dans le cliché merdique typique du quarantenaire qui s'offre une nouvelle jeunesse. Il tente de nous expliquer qu'il est en tournée et qu'il réalise que le fax est un moyen de communication plus rapide que la lettre. Du coup il envoie sa lettre de rupture par fax, à sa seconde femme, avec laquelle il a une fille de 6 ans. Ben voyons. Cela ne fait que révéler une forme de lâcheté à mes yeux. Mais ai-je vraiment besoin de savoir ça ? Phil Collins passe de l'homme aux cornes à celui qui en donne, et qui agi lamentablement, rien de plus banal me direz-vous.
Que cela soit clair, j'ai aussi mon lot de casseroles, comme Phil Collins. Je ne le juge pas. Mais cela me navre de lire tout ceci, et je trouve tout ce déballage inintéressant. Pire, cela annule toute la compassion que j'avais avec la souffrance de ses deux premiers albums.
Méfiez-vous des gens qui souffrent...


Du côté de chez Macca
J'avais lu auparavant une superbe autobiographie de Paul McCartney. Il y raconte les sixties, les Beatles, les Wings, sa femme, John Lennon, Ringo, Georges Harrison, George Martin, ses fidèles roadies. C'est un livre passionnant. Et à la lumière de ce livre je me dis : Paul est un Beatle, et raconte les Beatles, fièrement, dans le détail, et sa vie sans les Beatles. Malgré tout, il restera un Beatle.
De l'autre côté, Phil Collins nous dit qu'il a été un membre de Genesis, mais le dénigre un peu. Il avoue qu'il n'est pas fan de cette musique, et au fond nous parle de deux trois trucs assez vague comme "on enregistre, on part en tournée", puis rien. Trois lignes saupoudrées. Il est marquant de voir que le guitariste de l'époque, Steve Hackett, est inexistant dans son récit. Même Tony et Mike, sont quasiment inexistants. Et c'est une profonde différence que je voulais souligner avec le livre que Macca .
Phil Collins nous raconte plus en mode "j'ai fait plein de concerts avec Genesis, dans des stades, j'ai rencontré tous mes héros, Robert Plant de Led Zep, les Who, Eric Clapton, George Martin, Georges Harrison, Paul McCartney, Mickael Jackson, Elton John, Sting etc...j'ai fait le Live Aid sur les deux continents, j'ai fait ci, j'ai fait ça... Cela m'a donné l'impression d'un côté m'as-tu-vu qui à la lecture du livre finit par m'agacer. Mais rien sur Genesis.


La dépression du millionnaire...
Je croyais avoir été au bout de mes peines avec ses histoires de couples, lorsqu'on arrive au chapitre sur ses problèmes avec l'alcool. Et là cela devient grotesque. Le cliché de l'archi -millionnaire qui se déteste et se détruit. Cela devient même obscène de lire toute cette déchéance. C'est pathétique. Je n'arrive même plus à avoir de compassion. Cela m'est pénible de lire tout cela.


Vois-tu, je voulais lire l'histoire du batteur et chanteur de Genesis, auteur à succès planétaires solo, vu de son point de vue . Or en 2016, Phil Collins, tout se qui l'intéresse, c'est d'écrire des musiques de films pour Walt Disney, des comédies musicales, et sa famille. Je ne peux pas lui en vouloir, c'est sa vie, et c'est normal. Mais pour ma part, ce n'est pas l'histoire qui m'intéressait.
Au final, je réalise qu'il y a eu comme un grand malentendu. Phil Collins est bien devenu un autre homme, comme nous tous, et je n'ai pas eu envie de le voir. C'est pourquoi la lecture de son livre fut pour moi plutôt ennuyant et quelque peu embarrassant. Ce Phil Collins-là ne m'intéresse pas.


C'est un peu comme si quelqu'un te racontait ses problèmes de digestion. Tu n'as pas forcément envie de savoir, n'est-ce pas ?
Et bien concernant Phil Collins, je me serais bien passé de ses histoires de fax.


C'est vraiment idiot de se séparer de sa femme par fax, non ?

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le 13 nov. 2019

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