Etant dans ma période "lire des classiques honteusement laissés de côté jusque là", je me suis penchée en premier lieu sur celui qui m'intéressait le plus, à savoir Notre-Dame de Paris.

J'ai été franchement surprise car je dois avouer que je ne connaissais l'histoire que via le Disney. Or, dans l'oeuvre originale, Esmeralda est certes magnifique mais pas spécialement maligne (voire plutôt teubé), Phoebus est un gros beauf et Frollo n'est peut-être pas si immonde que ça.

J'ai hésité sur la note à mettre puisque j'ai dû sauter quelques pages de descriptions parisiennes terriblement longues et ennuyeuses (pourtant, j'aime Paris), quelques pages également du début car l'intrigue est longue à se mettre en place, et puisque la fin m'a semblé venir bien trop vite en comparaison du volume de l'oeuvre.

Pourtant, j'ai lu ses 700 pages en un week-end. J'ai adoré cette histoire, même si je pense qu'Esmeralda n'a pas eu sur moi l'effet qu'elle devrait produire. En revanche, le personnage de Frollo m'a profondément touchée, et rien que pour cette tirade:

"Tu te crois malheureuse, hélas ! hélas ! tu ne sais pas ce que c’est que le malheur. Oh ! aimer une femme ! être prêtre ! être haï ! l’aimer de toutes les fureurs de son âme, sentir qu’on donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommée, son salut, l’immortalité et l’éternité, cette vie et l’autre ; regretter de ne pas être roi, génie, empereur, archange, dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds ; l’étreindre nuit et jour de ses rêves et de ses pensées ; et la voir amoureuse d’une livrée de soldat ! et n’avoir à lui offrir qu’une sale soutane de prêtre dont elle aura peur et dégoût ! Être présent, avec sa jalousie et sa rage, tandis qu’elle prodigue à un misérable fanfaron imbécile des trésors d’amour et de beauté ! Voir ce corps dont la forme vous brûle, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers d’un autre ! Ô ciel ! aimer son pied, son bras, son épaule, songer à ses veines bleues, à sa peau brune, jusqu’à s’en tordre des nuits entières sur le pavé de sa cellule, et voir toutes les caresses qu’on a rêvées pour elle aboutir à la torture ! N’avoir réussi qu’à la coucher sur le lit de cuir ! Oh ! ce sont là les véritables tenailles rougies au feu de l’enfer ! Oh ! bienheureux celui qu’on scie entre deux planches, et qu’on écartèle à quatre chevaux ! — Sais-tu ce que c’est que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artères qui bouillonnent, votre cœur qui crève, votre tête qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnés qui vous retournent sans relâche, comme sur un gril ardent, sur une pensée d’amour, de jalousie et de désespoir ! Jeune fille, grâce ! trêve un moment ! un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je t’en conjure, la sueur qui ruisselle à grosses gouttes de mon front ! Enfant ! torture-moi d’une main, mais caresse-moi de l’autre ! Aie pitié, jeune fille ! aie pitié de moi !"

Eh bien, je meurs, et je le relirais volontiers.
Aske
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le 30 déc. 2012

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Aske

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