"Il est plus facile aujourd'hui d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme"
Avec une accroche comme celle-là, on peut être certain de ramener le chaland quand bien même cette dernière n'est nullement de Michéa.


Premier gros problème : l'ouvrage est à peine lisible, les notes qui entaillent continuellement l'écrit cassent toute possibilité de compréhension, c'est le travail de l'auteur de rendre agréable la lecture, retranscrire une discussion peut être une bonne idée, mais encore faut-il bien le faire et ne pas faire des ajouts multiples. Manipuler des concepts (souvent discutables) en faisant des phrases longues et alambiquées ne permet pas de faire une pédagogie efficace, c'est d'autant plus impardonnable quand on sait que l'auteur est prof.


Michéa revient sinon assez abondamment sur les problèmes pas nouveaux entre la gauche et l'extrême gauche, accusant franchement le socialisme et ses ascendants d'avoir toujours été de ce progrès citadin et parisien prêt à tuer ce bon peuple campagnard...
En soit, il fait juste de la politique (presque de qualité grâce à de nombreuses références), à savoir essayer d'attirer à lui cette figure (disparue à mon sens) du français moyen qui jadis était toujours prêt à aider son voisin dans son village et qui aujourd'hui regarde le foot et tape sur son voisin arabe... J'avoue, je force le trait.
Il tape abondamment sur les libéraux sans au préalable bien définir cette notion, insistons sur ce point car selon qu'on parle société (tolérance pour les homos ou les autres ethnies) ou économie (laxisme pour laisser faire les entreprises n'importe quoi) , l'attachement à cette valeur change invariablement... Entretenir ce flou, encore une fois, gêne beaucoup la compréhension des idées.

Toujours est-il qu'il est sans pitié avec tous ces progressistes qui ont promis jadis monts et merveilles mais dont l'échec est aujourd'hui si cuisant. C'est regrettable, Michéa fait presque conservateur aigri à certains moments.


Naturellement comme beaucoup d'intellectuels, il refuse de voir la technologie comme principale source d'évolution et il est très méfiant sur les promesses des technologies futures, ainsi le transhumanisme se fait-il laminer... Je me permets de rappeler que la première révolution transhumaniste est simplement l'allongement de l'espérance de vie (avec le problème de financement des retraites qui agite très mollement les campagnes électorales) et que probablement beaucoup de critiques du transhumanisme seraient simplement déjà morts sans elle...
En somme, et le niveau technologique semble bien représenter l'ensemble de sa pensée, Michéa est un conservateur de gauche.


Mais même la gauche ne le satisfait pas, en fait très souvent, l'essaie devient un règlement de compte avec la gauche parisienne/caviar/progressiste/parti-socialiste... Les critiques sont complètement audibles et avérées mais encore aurait-il fallu revoir le titre de l'ouvrage.
En effet, écrire un livre l'appeler Notre ennemi le capital, pour ne presque pas citer un seul nom d'entreprise, c'est regrettable. Si, tout de même, la Silicon Valley est constamment attaqué pour les raisons tranhumanistes précédemment évoquées. Mais sinon les vendeurs d'armes? A peine mentionnés ; les banques? Pas une seule citée ; les compagnies pétrolières? YOLO ! Toutes ces grandes sociétés qui confisquent le débat politique en finançant tout le monde? Pépère


Bref comme dit dans le titre, si vous cherchez un ouvrage pour lecteur averti attaquant le parti socialiste/libéral, cet ouvrage vous intéressera car il contient néanmoins d'intelligents commentaires sur la question, sinon passez votre chemin.

CorsairePR
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le 10 mars 2017

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