Un sentiment contradictoire n’anime quand je suis face à des auteurs français tel que Marc Levy, Guillaume Musso, Joël Dicker ou encore Michel Bussi, l’écrivain objet de notre attention ici. Leur immense succès auprès des lecteurs m’interpelle et devrait m’encourager à lire leurs œuvres « les yeux fermés » mais…j’ai une fâcheuse tendance à me méfier de ces romans trop plébiscités. Pour moi, succès rime avec gros chef d’œuvre, j’attends ainsi la perfection, le regard que je porte sur la bête ne peut être qu’intransigeant…
Nymphéas noirs est donc passé sous l’œil acéré de la lectrice que je suis. Il ne pouvait en être autrement: ce policier a remporté de nombreux prix littéraires et il revenait surtout comme le meilleur roman de Michel Bussi promettant un twist final époustouflant et imprévisible. Ahah?? Fin qui retrouve le cerveau? Il ne m’en fallait pas plus pour me plonger dans mon PREMIER Michel Bussi. Alors, Nymphéas noirs mérite t-il son succès?
Autant le dire tout de suite, je ressors assez mitigée de ma lecture. Voir même un peu déçue…Je m’attendais vraiment à une fin « explosive », vous savez cette émotion qui nous fait dire « Non, je ne l’ai pas vu venir! Je me suis avoir!! », ce sentiment qui nous donne envie de relire le roman immédiatement, une fois la fin dévoilée. Là, rien de tout ça. Malheureusement j’ai compris le manège de Michel Bussi bien avant le dénouement final, pas toutes les ficelles et les détails bien sûr, mais le « gros morceau » on va dire. Malgré cette déconvenue, il faut souligner que la mise en scène de l’auteur et la construction du récit est intelligente et déroutera plus d’un lecteur. Le mystère entoure tout le récit, le suspense bien présent nous pousse à ne pas lâcher le roman. Au passage, les premières pages du roman donnent déjà le ton: Comment ne pas continuer sa lecture après cette mise en bouche? Les fausses pistes et remises en question foisonnent… Bref c’est un bon policier…si on ne découvre pas la fin.
Il manquait un peu de profondeur dans la psychologie des personnages pour que je puisse m’y attacher. Un peu trop lisses à mon goût, trop « faciles » pas assez « torturés » pour certains. Le personnage de Stéphanie était toutefois intéressant mais malheureusement je trouve que l’auteur ne fait qu’effleurer son désordre émotionnel, dommage…
Le style de Michel Bussi est plutôt agréable, l’écriture est simple et efficace. Le roman est divisé en des chapitres assez courts ce qui donne du rythme au récit.
J’en viens aux deux points que j’ai le plus aimé à la lecture de Nymphéas noirs. Tout d’abord le lieu où se déroule l’intrigue: le village de Giverny, connu mondialement pour la maison et les jardins du peintre impressionniste Claude Monet. L’auteur a littéralement réussi à me plonger au cœur de ce village dans lequel je ne suis jamais allée et ça c’est fort! Il décrit à merveille cette nature qui a inspirée Claude Monet, mais aussi tous les recoins du village. On sentirait presque l’odeur des plantes et des fleurs…Michel Bussi m’a accordé, le temps d’un roman, un moment de quiétude dans ce beau décor (si on met de côté les meurtres hein…) Enfin, Nymphéas noirs m’a ouvert avec originalité à la peinture impressionniste que, je m’en suis rendue compte au fil de ma lecture, je ne connaissais qu’assez superficiellement au final. On apprend pas mal de choses sur ce mouvement pictural (des noms d’artistes, des anecdotes sur Claude Monet, les dessous du marché de l’art) et cela a vraiment attisé ma curiosité. Pourquoi pas visiter le musée Marmottan à Paris, qui est présenté par l’auteur, comme le musée possédant la plus grande collection au monde d’œuvres de Claude Monet?
Nymphéas noirs rempli son job de bon roman policier à suspense. Il exploite les codes du genre: suspense, mystère, fausses-pistes, enquête. Toutefois cela n’en fait pas pour moi LE Chef d’œuvre que l’on m’avait vendu. Le gros twist final n’en a, malheureusement, pas été un pour moi, qui avait deviné où l’auteur voulait nous amener… Toutefois l’auteur a sublimement réussi à éveiller ma curiosité pour l’impressionnisme. J’ai également été émerveillé par la description du village de Giverny, il ne me reste plus qu’à prendre une couverture et un bon livre et me rendre dans cette campagne enchanteresse….
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