Quelques des leçons que l'on peut y trouver

Elizabeth Bennet :
- So witty ! Et cet art exceptionnel d’être perspicace, d’avoir le sens de la répartie et de ne pas se laisser faire, mais tout en restant polie, tout à fait correcte. Intelligente et avec sa propre réflexion, prenant ses propres décisions, mais pas pour autant rebelle qui envoie tout et tout le monde balader. Juste cet équilibre, ces sarcasmes tellement polis et d’autant plus piquants. Une petite merveille. Oui c’est une leçon en soi.
- Ne jamais dire jamais ? Je ne danserais jamais avec Mr. Darcy, c’est le dernier homme au monde que j’épouserais,... Quelle est cette hypocrisie tout à fait sincère ? Oh, mais ne serais-ce pas l’aveuglement dû aux fameux préjugés ? La leçon n’est donc pas tant “ne jamais dire jamais”, c’est plutôt qu’il ne faut pas vouloir à tout prix tenir parole dans ces cas là, que c’est une bonne chose de se remettre soi-même en question, de chercher à connaître les gens, ne pas s’en tenir aux premières impressions, de remettre en question son jugement, de ne pas faire de conclusions trop hâtives et de laisser aux gens le bénéfice du doute,...
- Oui, Lizzie est intelligente; et elle le sait. C’est cet orgueil qui la mène à l’aveuglement. Ce n’est pas parce qu’on est perspicace qu’on sait immédiatement tout sur tout le monde ! Ce n’est pas parce qu’on remarque les défauts des gens qu’il faut s’y arrêter et ne pas chercher plus loin ! Importante leçon : la prétention est tout aussi aveuglante que la naïveté.
- Lizzie a donc des préjugés mais aussi de l’orgueil. Comme Darcy a des préjugés en plus de son orgueil. Ce qui emmène à la remarque suivante : regarde toi avant de critiquer le voisin ! Non, peut être pas. Ce n’est pas parce qu’on se sait un défaut que l’on ne devrait pas le reprocher aux autres. Ce qui est dommage (et hypocrite) c’est d’être capable de le repérer et le reprocher chez les autres, mais pas chez soi-même. Plus souvent qu’on ne le pense, les choses qui nous embêtent chez les autres sont des choses d’une certaine façon présentes en nous (et qu’on préfère ignorer). Et au final Lizzie et Darcy sont plus semblables que différents, il leur aura juste fallu un peu de temps pour s’en rendre compte.


Mr. Darcy :
- How to handle rejection. Lizzie lui dit non, il part, il n’insiste pas. Il ne fait pas comme Mr. Collins, qui croit qu’elle le refuse par jeu et s’attend à ce qu’il réitère sa demande pour l’accepter ensuite. Il respecte sa décision.Soit dit en passant, ça ne devrait pas être considéré comme exceptionnel mais comme la seule façon décente et respectueuse d’agir. Et il prend en compte ses critiques, se prend en main et essaye de changer. Pas pour la récupérer mais parce que c’est une personne qu’il estime et que son opinion compte pour lui, qu’il la considère comme valable. Il change parce qu’elle lui fait réaliser qu’il n’est pas parfait. Il ne change pas pour elle. Il s’occupe de lui-même, de sa propre vie et de sa propre amélioration.
- Comme Lizzie, il apprend à ne pas s’en tenir aux premières impressions. Il n’a pas honte d’admettre qu’il avait tort, a changé d’avis, et trouve à présent qu’elle est plus que tolerable. Il réalise aussi qu’il a eu tort de sauter aux conclusions par rapport à Jane et Bingley.
- Je t’aime contre mon bon sens, ma raison, c’est plus fort que moi je ne peux pas m’en empêcher : ce genre de discours n’est pas romantique, c’est insultant !!! Lizzie l’a dit, elle a raison : point final. Trop peu de livres contiennent cette idée. En conséquence de quoi l’esprit de trop peu de gens contient cette idée, et c’est déplorable.
- I was in the middle before I know that I had begun : Voilà, ça c’est une bonne façon de tomber amoureux. Pas soudainement; progressivement. D’une part parce que ce qu’il arrive soudainement peut partir tout aussi soudainement. D’autre part parce que leur amour arrive parce qu’ils apprennent à se connaître, et découvrent l’un sur l’autre des choses qui leur font développer de l’estime et de l’affection l’un pour l’autre. Ce qui nous ramène au point précédent. Ce n’est pas que l’amour se mérite. C’est juste qu’il est basé sur des raisons (plus ou moins conscientes) qui ont trait à l’estime et l’appréciation pour ce qu’est l’autre personne. Du moins c’est ce qu’il devrait être. Mais bon si tu préfères la passion c’est ton choix. Après tout Lydia semble plutôt heureuse à la fin.
- L’orgueil, celui qui ferme aux autres. Vrai, Darcy n’est pas prétentieux, pas vaniteux, il n’a que faire de l’opinion que les autres ont de lui. Vrai, il est en droit d’avoir une bonne estime de lui-même. En ce sens ce n’est pas un défaut. Mais quand il commence à avoir tendance à déconsidérer les autres, ça pose problème. Beaucoup de personnes sont dignes d’estimes, et même si quelqu’un a des défauts énormes ça ne l’empêche pas d’avoir à côté des qualités ou des choses à apporter. Je suis la première à défendre l’introversion, et si il ne veut pas danser très bien. Et qu’il soit tellement socially awkward c’est juste tellement adorable ! Le problème c’est qu’il n’en a rien à faire des autres. Le problème c’est qu’il est froid, hautain. Ce n’est pas parce qu’on est introverti qu’on doit se fermer à tout le monde. Ne pas se forcer à socialiser autant que les autres très bien. Ne pas le faire du tout parce qu’on considère que ça n’a aucun intérêt, donc que les gens n’ont aucun intérêt, c’est une autre histoire. Mais il travaille là dessus. De sa propre initiative, je le répète : Lizzie lui a juste fait ouvrir les yeux. Car encore une fois l’orgueil emmène l’aveuglement.


Jane Bennet :
- Elle ne dit jamais du mal d’autrui et pourtant elle dit toujours ce qu’elle pense. Comment est-ce possible ? Et bien elle ne pense que du bien d’eux. Certes elle a cette naïveté qui cause de l’aveuglement. L’idéal étant un équilibre entre Jane et Lizzie, la capacité à voir chez autrui à la fois le bon et le moins bon. Et l’un des avantages d’avoir toujours du bien d’autrui en tête, c’est que quand tu dois parler tu peux être sympa sans mentir. Tu peux choisir ce que tu dis parmi toutes les vérités à disposition. Et si tu veux faire un reproche, tu peux le nuancer en faisant preuve de compréhension, en évoquant ce qu’il y a en contrepartie. La paire Jane/Lizzie est parfaite pour parvenir à cette conclusion. Lizzie n’est pas parfaite, Jane n’est pas fade, la réponse n’est pas “choisis de faire comme Lizzie”, la réponse est de prendre le meilleur de chaque et de trouver l’équilibre.
- Un de mes passages préférés : Quand Jane cherche à excuser à la fois Darcy & Wickam et que Lizzie lui rétorque “Et maintenant, ma chère Jane, qu’avez-vous à dire pour excuser les « gens intéressés » qui sont sans doute les vrais coupables ? Justifiez-les aussi, que nous n’en soyons pas réduites à les mal juger !“ Déterminée à voir le bon en chacun, c’est tout un exercice, et effectivement difficile de voir comment cela fini. Je considère quand même que c’est une bonne optique à avoir. De commencer en accordant aux gens le bénéfice du doute, en cherchant à les comprendre, voir les choses de leur point de vue et chercher leurs raisons et des explications alternatives (autres que “ils sont irrécupérables”). Bien sûr parfois on aboutit quand même à la conclusion qu’ils sont mauvais. Mais c’est mieux de partir de l’optique de Jane. Et je crois sincèrement que 80% des conflits sont dus à de simples malentendus.
- “Si une jeune fille cache avec tant se soin sa préférence à celui qui en est l’objet, elle risque de perdre l’occasion de le fixer, et se dire ensuite que le monde n’y a rien vu est une bien mince consolation”. C’est ce que dit Charlotte à propos de Jane, et c’est tellement plein de vérité. Tu peux être très douée pour cacher le fait que tu es amoureuse, et employer toute ton énergie à le faire en oubliant te demander si c’est vraiment ce que tu veux, que personne ne sache jamais rien ? Ça devient ton but mais ce n’est pas sensé être le but. Ça semble si évident quand tu lis cette citation ! (même si “fixer” n’est pas le terme que j’aurais employé, quoi que je ne sais pas quel terme j’aurais choisi, mais je n’aime pas celui-là).
- En tout cas si c’est le but la technique de Jane est super : tu peux être aussi gentille et pleine d’affection que tu veux envers l’élu de ton cœur si tu te comportes de la même façon avec toutes les autres personnes. Ah, Jane est un cœur. Je crois que c’est normal en fait, que ça ne devrait pas être une technique pour cacher tes sentiments, mais juste une façon d’être envers les gens en général comme ça l’est chez elle (et chez d’autres). Pourquoi la gentillesse ne serait pas une norme ? Pourquoi si tu penses du bien des gens tu te retiendrais de leur dire ?


Mr & Mme Bennet :
- Tu ne veux pas finir ta vie avec quelqu’un pour qui tu ne peux pas avoir d’estime ! Sérieusement c’est un vrai cauchemar : pas de compréhension possible, la moquerie est tout ce qu’il te reste. Et tu es obligé de te moquer (même si ce n’est pas super sympa) parce que tu ne veux pas être associé avec toutes les stupidités que ta femme dit ! Pauvre Mr. Bennet ! Il doit se sentir si seul, si incompris. La choisir était une telle erreur. Qu’est-ce que je disais plus haut ? L’estime comme pré-requis de l’amour ? Bah on voit ce que ça donne quand l’estime n’est pas là !

Miss-Naïs
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le 5 juin 2015

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