Une bonne histoire mais quelques maladresses

Dans la blogosphère littéraire, le printemps fut avant tout synonyme de Melissa Bellevigne. Blogueuse et youtubeuse assez connue sous le nom de GoldenWendy, cette dernière a réalisé l’incroyable rêve de voir son premier roman édité chez les éditions Hachette (collection Black Moon), rejoignant ainsi la longue liste de ses confrères et consœurs avant elle. Je dois bien avouer que j’avais un fort à priori sur ce livre, en parti justement à cause du statut de l’auteur. Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit, mais je déplore depuis un moment cette mode du livre facile chez les youtubeurs, en sachant qu’il est si difficile pour de vrais écrivains talentueux d’être publiés. Toutefois, intriguée par tout le bien que j’en lisais ici et là, je me suis renseignée un peu plus sur Melissa, et je me suis aperçue que nous avions finalement beaucoup en commun. Entre son amour de l’écriture depuis son plus jeune âge, sa préférence au support blog plutôt qu’à Youtube, et son rêve de vivre en Angleterre, je me suis considérablement retrouvée en elle et ses propos. Il ne m’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité concernant Paranoïa.


Nous suivons donc les « aventures » de Judy, française laissée pour morte dans une ruelle de Londres et rapatriée dans un asile psychiatrique en France. Les nombreuses tentatives de suicide de cette dernière, ses hurlements, ainsi que son refus obstiné de se nourrir malgré sa grossesse impromptue, amènent les médecins à la déclarer schizophrène (entre autres choses). Une psychiatre réputée, Lisa, est alors appelée à la rescousse pour tâcher d’éclaircir les ténèbres qui habitent la jeune Judy. C’est ainsi que l’on va découvrir, en remontant dans le passé, qu’elle a vécu toute sa vie accompagnée d’un jeune homme que personne d’autre qu’elle ne pouvait voir ni toucher, Alwyn. Considérée comme folle par ses parents et les différentes personnes croisées durant son existence, elle a fini par mener une vie solitaire (enfin presque, si l’on omet la présence perpétuelle d’Alwyn). Mais c’est à la suite d’une lettre inattendue que sa vie va basculer, et qu’elle va partir avec son acolyte en quête de leurs identités respectives, l’entraînant bien malgré elle vers son séjour à l’institut Saint-Vincent.


Contrairement à beaucoup de critiques qui ont été faites, je n’ai pas du tout été déçue par le manque d’approfondissement de la partie psychiatrique. J’en ai même été relativement soulagée, tant elle ne servait à mes yeux que de contexte à une histoire au-delà du réel. Si j’avais voulu lire un livre traitant de ce sujet (et c’est déjà fort peu probable en soi), je ne me serais pas dirigé vers un roman fantastique. J’ai donc franchement apprécié la concision avec laquelle l’auteur a traité cette thématique.


L’histoire en elle-même est aussi dévorante que fascinante. J’ai lu ce roman en trois heures environ, sans jamais décrocher un seul instant. Mais là où je me suis complètement laissée emporter par les flash-backs de Judy et Alwyn, essayant de découvrir la vérité derrière leurs deux identités, l’effet fut bien moindre pendant les scènes du présent avec Lisa la psychiatre. Malgré les quelques pans de sa vie qui nous sont partagés, j’ai trouvé cette dernière beaucoup moins intéressante que les deux autres protagonistes principaux. Elle ne sert finalement que de faire-valoir à notre héroïne pour livrer ses confessions. C’est d’autant plus dommage qu’il est de ce fait très difficile d’apprécier la relation entre les deux femmes. Judy ne semble pas plus attachée que cela à Lisa. Elle lui accorde sa confiance certes, mais ne lui manifeste pas pour autant un intérêt très marqué. Quant à notre doctoresse, elle projette plus ses propres désirs sur sa patiente qu’autre chose. Même si elle est intriguée par le récit de Judy, elle est avant tout intéressée pour des raisons personnelles par le bébé qu’attend la jeune fille. La complicité entre les deux ne crèvent donc pas vraiment les yeux.


En contrepartie, le duo formé par Judy et Alwyn est maîtrisé avec brio. Les scènes de flash-backs qu’ils partagent ensemble sont d’une grande intensité, et contribuent à elles seules à l’intrigue du roman. L’évolution de leur relation est aussi puissante que déstabilisante. Ces chapitres me font vraiment regretter l’alternance entre flash-backs et réalité qui vient casser le rythme de lecture. D’autant plus que la timeline du présent n’apporte rien à l’histoire de Judy, hormis la fin qui aurait pu tout aussi bien être amenée par une autre voie. Je pense que le roman aurait été meilleur sans Lisa, et en prenant part directement dans le passé pour en arriver au présent. Mais c’est un avis strictement personnel !


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MorriganeWalker
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le 29 mai 2016

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