Ernest n'est pas sur la liste des invités

Alors je ne sais pas si cela est dû au fait que la transition fut quelque peu rude car juste avant d’attaquer Paris est une fête, j’ai lu Un jardin de sable de Earl Thompson, mais désolé Hem’, ta came est tout juste moyenne.


Non pas que cela soit mal écrit, mais simplement, cela manque de rondeur, c’est un peu trop monotone… on retrouve bien-là le style journalistique qui a bien imprégné sa carrière. Paris est une fête est davantage assimilable à une feuille de route qu’à un roman (il ne se veut, d’ailleurs, pas comme étant un roman, mais plutôt comme un récit autobiographique).


Sur le fond, Hemingway nous détaille ses balades parisiennes avec une précision digne d’une chasse au trésor (cela dit, étant Parisien, cela est plutôt plaisant de retrouver des noms de rues et autres restaurants qui me sont familiers) et ses déjeuners et dîners dans des restaurants en lisant ce qu’il prit en entrée, en plat principal et en dessert, et même le vin accompagnant le tout.
Puis, il raconte ses diverses rencontres parisiennes (notamment celle avec Francis Scott Key Fitzgerald) et les échanges qu’il put avoir avec ses différents interlocuteurs… Bref, c’est rarement intéressant et encore moins passionnant.


Le coup de grâce me fut porté lorsqu’il relate une conversation à propos de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski dont il dénigre le style… C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.


Mais bon, cela reste du Ernest Hemingway et je peux tout à fait comprendre qu’on puisse trouver cela génial de part la carrière qu’il a eue et tout ce qu’il a fait. Paris est une fête doit sûrement apporter des choses aux fanatiques d’Hemingway, mais très peu pour moi.


Voici quelques extraits :


Après avoir écrit un conte je me sentais toujours vidé, mais triste et heureux à la fois, comme après avoir fait l’amour, et j’étais sûr que j’avais fait du bon travail ;


Ce qu’il faut c’est écrire une seule phrase vraie. Écris la phrase la plus vraie que tu connaisses. »


« Vous pouvez acheter soit des vêtements, soit des tableaux, dit-elle. C’est tout le problème. Sauf les gens très riches, personne ne peut acheter à la fois les uns et les autres. Ne faites pas attention à la façon dont vous êtes habillés et encore moins à la mode, et achetez des vêtements qui soient solides et confortables, et l’argent que vous aurez économisé vous servira à l’achat des tableaux.


j’avais déjà appris que tout ce que je ne comprenais pas avait sans doute quelque rapport avec la sexualité.


Le lendemain je travaillerais dur. Le travail guérissait presque tout.


— Nous avons toujours de la chance », dis-je, et comme un imbécile je ne touchai pas de bois. Et dire qu’il y avait partout du bois à toucher dans cet appartement.


C’était toujours les gens qui mettaient des bornes au bonheur,


Mais il nous faut vivre le présent et ne pas en perdre une minute.


J’appris, à la même époque, que tout ce qu’on abandonne, bon ou mauvais, laisse un sentiment de vide.


Ne savez-vous pas que les auteurs ne parlent jamais que de leurs ennuis ?


C’était une histoire très simple intitulée Hors de saison, et j’avais volontairement omis d’en raconter la fin, c’est-à-dire que le vieillard se pendait. Cette omission était due à ma nouvelle théorie, selon laquelle on pouvait omettre n’importe quelle partie d’une histoire, à condition que ce fût délibéré, car l’omission donnait plus de force au récit et ainsi le lecteur ressentait plus encore qu’il ne comprenait.


J’avais entendu des gens se plaindre pendant toute mon existence.


mais ce que nous voulions, il ne pouvait nous le donner, ni lui ni personne d’autre, et nous ne l’obtiendrions pas non plus en touchant du bois ni même en touchant le marbre dont était fait le plateau de la table. Mais cela nous ne le savions pas, ce soir-là, et nous nous sentions très heureux.


On y pouvait trouver tout ce dont un homme a besoin pour écrire, à la solitude près.


Quand je revis ma femme, debout au bord du quai, lorsque le train entra en gare entre les tas de bois, je souhaitai être mort avant d’avoir aimé une autre qu’elle.


Ce fut la fin de notre première période parisienne. Paris ne fut plus jamais le même. C’était pourtant toujours Paris, et s’il changeait vous changiez en même temps que lui. Nous ne retournâmes jamais au Vorarlberg, et les riches non plus. Il n’y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu’en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d’une personne à l’autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ou comment il avait changé, ou avec quelles difficultés – ou quelles commodités – nous pouvions nous y rendre. Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez. Mais tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux.

didizimzim
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le 29 janv. 2019

Critique lue 266 fois

Dmitri Fantski

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