Mathias Enard. Un nom maintenant bien connu dans le petit monde des nouveaux écrivains français. Pourtant, je n'avais jamais touché à aucun de ses livres. Un jour, je me suis enfin dis qu'il fallait que je corrige cette erreur. Ainsi, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants s'est présenté à moi : du fait de sa brièveté, cela me semblait le roman parfait pour découvrir l'auteur.
Quelle ne fut pas ma surprise quand je compris que l'intrigue portait sur Michel Ange, en exil en Turquie... Soit un roman historique, transformé quand bien même en fiction, basée sur les correspondances entre l'artiste et son frère.
Un sujet très loin des quelconques attentes que je pouvais avoir. Cependant, je ne regrette pas ce choix d'ouvrage.


Avec ce livre, j'ai découvert un style singulier et exquis. Au fil des mots, au fil des pages, j'ai été transporté par l'écriture de l'auteur. Que ce soit pour décrire de simples scènes du quotidien, et moins classiques (j'ai particulièrement été frappé par les quelques phrases détaillant une scène d'exécution, apportant une certaine magie à un moment d'horreur - et plus généralement, le quotidien à Constantinople est merveilleusement bien retranscrit), ou encore par les nombreuses ekphrasis (roman sur Michel Ange oblige), Mathias Enard m'a étrangement transporté. Comme si je suivais le personnage dans cette aventure fictive et imagée d'un pan de sa vie, découvrant avec lui les beautés de Constantinople, partageant ses émotions et ses pensées... et attisant bien entendu ma curiosité. Michel Ange concentre par lui-même tout ce qui m'a poussé à continuer inexorablement le livre. Lyrique, onirique, envoutant. Tant d'adjectifs qui ne peuvent pas décrire à eux seuls la plume de ce Mathias Enard...!
Toutefois, il m'est arrivé de me demander si justement il ne "poussait" pas trop loin son style. Les envolées poétiques et exaltées sont merveilleuses, mais à trop forte dose, elles finissent par lasser.


Il ne faut pas non plus mettre de côté l'aspect "historique" de l’œuvre : je ne connais que peu de choses de Michel Ange, mais après avoir terminé ma lecture, j'ai eu l'impression d'être mille fois enrichi d'informations sur la personne, et le personnage qu'était Michel Ange. Alors qu'au fond, ce n'est qu'une illusion : n'oublions pas que l'auteur imagine avant tout différents épisodes, ne tirant ses sources que de lettres, & autres documents. Et aussi car l'intrigue, l'action, parait parfois manquer de consistance. Peut-être faut-il comme moi se laisser transporter sans remords aucun par le récit, pour passer outre ce défaut notoire.


Une agréable première expérience avec Mathias Enard ; pas la dernière.

Florent-L
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le 24 oct. 2016

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Florent-L

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