La Varende est un écrivain normand, provenant de ce fameux Pays d'Ouche qu'il cherche à nous faire partager. Il est, et il l'assume parfaitement, royaliste et catholique, à une époque où cela concerne encore une bonne partie de la population.
Pays d'Ouche est un recueil de petites histoires suivant l'évolution historique au travers de la famille noble des Galart, mais sans qu'il soit besoin d'en lire une pour comprendre l'autre.
Ce sont au contraire des nouvelles qui se complètent les unes les autres pour nous faire comprendre le pays d'Ouche: la mentalité de ses paysans, de ses nobles, le syncrétisme religieux, la tendance au suicide, etc etc...
Mais le but est surtout, à mon sens, de montrer l'évolution historique d'un monde, avec ses coutumes et traditions. De voir une famille de nobles passer de croisé ou aventurier à gestionnaire domanial puis quasiment maire de facto (le noble devait gérer nombre de querelles de paysans, des problèmes financiers, logistiques, agricoles, etc...).
On sent chez La Varende un profond amour à la fois pour ces terres, ces paysans, et cette famille Galart (les nobles) qu'on suit tout au long des histoires. Finalement, on sent un amour de ce modèle de vie, de ce modèle de société. Pas forcément de manière générale, appliquée partout et de tout temps, mais au moins dans le Pays d'Ouche. Bien sûr, il y a des interprétations (la famille noble des Galart n'est composée que de gens vertueux et bienveillants, par exemple) et comme je le disais, La Varende est un fervent défenseur de l'Ancien Régime. On se doute donc de la direction dans laquelle il veut nous amener, mais cela ne pollue pas le livre.
La fin est si terrible d'indifférence qu'elle m'a fait couler une petite larme: pas de grand départ, pas de dépendaison de crémaillère en se rappelant le bon souvenir de lointains ancêtres et de leurs épopées glorieuses, pas de banquet accompagné d'une saôulerie à faire pâlir le curé du coin, non ! C'est au contraire une simple annonce de journal décrivant la vente d'une demeure de X chambres, avec un parc de X mètres carrés, avec comme conclusion "Affaire exceptionnelle".
C'est une conclusion honnête, franche, pas sentimentale, sans jugement. Comme le reste du livre, qui se limite à conter et expliquer. Je vous le conseille !