Venant moi-même d'un petit pays, la Belgique, ce titre avait attiré mon attention et m'avait, dès sa sortie, intriguée. Le fait qu'il soit couronné par le Goncourt des lycéens, puis l'un de mes collègues, gros lecteur, qui l'avait désigné meilleur livre 2017, ont achevé de me convaincre.
Gaël Faye réalise pour moi la prouesse admirable de réussir son roman sur tous les plans.
C'est d'abord un formidable roman sur le paradis perdu de l'enfance qui montre qu'il n'est nul besoin d'avoir les cheveux gris pour en être nostalgique. Je suis une fille et je n'ai pas grandi au Burundi, mais j'ai maintenant moi aussi le souvenir du jus de mangue qui coule le long de mes bras, les mangues trop mûres volées avec mes potes dans le jardin du voisin.
C'est ensuite, une remarquable roman sur les heures les plus sombres, les plus abyssales de l'Histoire humaine, celles durant lesquelles les uns s'évertuent avec acharnement, méthode, cruauté à rayer les autres de la carte. Tout est dit, avec une clarté limpide et glaçante, dans une simple conversation entre un père et son fils, quelque chose à propos du nez, oui encore lui, le nez...
C'est un merveilleux roman sur l'initiation à la lecture, le plus grand des univers à notre disposition, ouvert par une voisine d'origique Grecque, Mme Econopoulous, qui lui donne un accès illimité à sa riche bibliothèque.
C'est enfin un roman qui traite, du déracinement, de l'amitié, de la fraterie, de la lente descente aux enfers d'une femme, d'une mère, d'une soeur qui ne peut se remettre de l'Histoire dans laquelle les siens ont sombrés, des rapports épistolaires avec une petite Laure, une petite française dont on espère qu'elle a précieusement gardé les fantastiques lettres de son correspondant Burundais.
Ne passez pas à côté de cette immense réussite, vous vous priveriez d'un cadeau merveilleux que nous fait l'auteur, celui d'une autre enfance que la vôtre.
Bonne lecture, merci de m'avoir lue.
Amitiés,
Dustinette