Petits oiseaux
7.4
Petits oiseaux

livre de Yōko Ogawa (2012)

Si douce est l’envolée, pâle est mon vertige...

Une histoire étrange et fragile, comme sait si bien les raconter Yôko Ogawa. Une histoire de liberté, d’amour et de solitudes. Une histoire d’oiseaux, ces drôles d’oiseaux que nous sommes si souvent.


Des petits oiseaux dans la volière. Des gazouillements discrets sautillant d’un perchoir à l’autre. Et qui couvent les songes d’un envol impossible tant la captivité est souvent un nid difficile à quitter.


C’est donc la vie silencieuse et minuscule d’un homme qui s’efface plus qu’il ne se dessine au fur et à mesure du récit. Une vie étriquée dont la solitude s’articule soigneusement autour de rêves à l’envergure majestueuse.


L’histoire s’ouvre sur la mort du personnage principal. Plane alors l’ombre d’un mystère qui n’aura jamais vraiment sa résolution. Mais le coeur du récit c’est essentiellement ce quotidien séraphique qui suit une trajectoire mesurée, prudente, dont l’équilibre subtil et mystérieux peine à être rompu par ces quelques rencontres autour desquelles il virevolte. C’est d’abord une promenade dans l’ombre d’un frère, le secret partagé avec une pharmacienne, la faveur d’une directrice d’école, la rencontre impossible avec une bibliothécaire et finalement l’intrusion miraculeuse de cet oiseau-lunettes, seule créature qui bousculera la langueur d’une morne routine avant qu’elle ne se ratatine sur son personnage.


L’ennui y est tout en délicatesse. L’écriture est aérienne et délicieuse. Et l’histoire insaisissable et mélancolique, sans jamais s’avouer insignifiante. La singularité de ce personnage atypique, tranquillement esseulé, et dont les ailes sont retenues par de magnifiques promesses, c’est l’estampe inachevée de l’inconcevable liberté, c’est l’envol invisible d’un chant en faveur de la différence authentique, c’est ce petit pépiement dans la cage de nos côtes qui attend que s’ouvre enfin la fenêtre pour rejoindre la nuée de tous les possibles.

CecylAos
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le 13 août 2018

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Cecyl Aos

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