Prisonnier de la contemporanéité
"Prisonniers du paradis" est un robinsonnade contemporaine avec ce qu'elle comporte d'aventures, de pragmatisme et d'introspection.
C'est aussi le recul "idéal" sur nos vies mornes et matérielles, autrement dit le moment de se dire si tout le jeu vaut la chandelle, à essayer de se battre comme des bombyx contre des halos de lumière.
Ce paysage de carte postale tourne au cauchemar. On le sent s'appesantir ce cauchemar, sans ces hôtels luxueux en front de mer, sans tous ces services vantés comme le rêve que chacun aspire. En fait, l'on vante la solitude, on vend de la solitude confortable, un retrait du monde sécure. Cette sécurité qui devient elle-même une prison dans une société du tout précaire, une sécurité qui empoisonne. Alors que ce qui importe vraiment c'est l'expérience et le goût du risque pour faillir jaillir de nos vies un sens tout trouvé. Sans quoi la routine nous immobilise sur le bas-côté, on met les warning au cas où mais... à quoi bon.
Comment cette tripotée d'occidentaux, promis à aider leurs prochains, en est-elle venue à défendre un mode de vie autonome et marginal ? C'est la question que développe Paasilinna dans ce conte qui pourrait passer pour un pamphlet s'il avait poussé la conviction jusqu'au bout.
La moindre des choses que je puisse dire, c'est que Paasilinna est un grand conteur à ceci près que je n'accroche pas à cette manière très contemporaine d'écrire, de l'écriture qui coule, pragmatique, qui se pense plutôt qu'elle ne pense. Des phrases courtes, faire des détails une matérialité... On peut dire que l'auteur a choisi de regarder cette histoire avec des yeux non impliqués mais avec beaucoup de compréhension.