Ceci n'est pas une critique !
Les différentes sortes de crétins : Les indifférents, les blasés, les cyniques et les nihilistes.
L'indifférent se fout de tout de tous et de toutes sauf de lui. Lui parler solidarité,
cela revient à parler points de tricot avec une limace. S'il s'éloigne de sa communauté, de sa génération, de celles qui suivront, il ne s'avère pas détaché de ses plaisirs.
Etranger à l'univers, égoïste, inatteignable, il habite une terre aux frontières protégées qui s'appelle "lui". Personne ne passe la douane.
Le blasé qui a déjà tout vu, tout entendu, tout vécu, tout connu, s'avoue fatigué. Il l'est à n'en pas douter puisqu'il n'aperçoit plus que les ressemblances, jamais les différences, sa perception s'étant émoussée avec les ans. Quant à son imagination, elle s'est desséchée sans qu'il s'en rende compte. Une victime -consentante- de l'usure.
Le cynique déchiffre le monde d'une façon brillante, révélant toujours le noir sous le
blanc, le vice sous la vertu, l'intérêt sous l'altruisme en pratiquant un perpétuel soupçon. Allergique à l'idéal, il se sert de son intelligence comme un scalpel qui éventre les évidences, déchire les illusions et dévoile des pans ignorés du réel ; cependant, par une étrange préférence, il n'en détache que les laideurs ignorées, les calculs dissimulés, les fondements mauvais. Pour lui, viser bas, c'est viser juste.
Penser, consiste à détruire, à déconstruire, jamais à édifier ni à créer. Je crains que cette complaisance pour le mesquin non seulement exprime le peu d'estime que porte le cynique aux autres mais surtout révèle une étrange compétition. "Puisque le monde est mauvais, déclare-t-il, soyons au moins le plus mauvais". Il développe un culte de sa propre intelligence assimilée à la dénonciation. Le cynique n'a plus d'idéaux, voici son axiome :"Tout se vaut donc rien ne vaut sauf moi qui le montre."
Le nihiliste, celui qui ne croit en rien aspire à la pureté. Radical, il aimerait devenir le Saint du Néant. "Rien ne vaut, ni moi ni ma vie." La conséquence logique du nihilisme reste le suicide. On ne rencontre donc jamais d'authentiques nihilistes car le vrai nihiliste est toujours déjà mort. Ceux que nous entendons pérorer sont des faux, des poseurs ou des postulants, des "qui voudraient bien mais..."bref, des incohérents. On ne croise que des nihilistes ratés.
Le credo de l'optimisme moderne
Je suis optimiste parce que je trouve le monde féroce, injuste, indifférent
Je suis optimiste parce que j'estime la vie trop courte, limitée, douloureuse.
Je suis optimiste parce que j'ai fait le deuil de la connaissance et que je sais désormais que je ne saurais jamais.
Je suis optimiste parce que je remarque que tout équilibre est fragile, provisoire.
Je suis optimiste parce que je ne crois pas au progrès, plus exactement qu'il y ait un progrès automatique, nécessaire, inéluctable, un progrès sans nous, notre volonté et notre sueur.
Je suis optimiste parce que je crains que le pire n'arrive et que je ferai tout pour l'éviter.
Je suis optimiste parce que c'est la seule proposition intelligente que l'absurde m'inspire.
Je suis optimiste parce que c'est l'unique action cohérente que le désespoir me souffle.
Oui, je suis optimiste parce que c'est un pari avantageux : si le destin me prouve que j'ai eu raison d'avoir confiance, j'aurais gagné et s'il révèle mon erreur, je n'aurais rien perdu mais j'aurais eu une meilleure vie, plus utile et plus généreuse.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Mes livres