Dans Quand le diable sortit de la salle de bain, son quatrième ouvrage, Sophie Divry explore une facette peu commune de la littérature, à savoir le roman burlesque. J'en vois déjà qui s'insurgent, qui s'inscrivent en faux : « Mais, comment donc ? La littérature c'est quelque chose de sérieux, Monsieur ! » Laissons les sceptiques se regimber dans leur coin – ça leur passera avant que cela ne nous reprenne – et attardons nous sur ce livre hilarant au possible.
Sophie Divry nous narre l'histoire d'une jeune trentenaire également prénommée Sophie qui, tout en mettant la dernière main au roman qu'elle est en train d'écrire, vivote entre minima sociaux et piges dans la presse écrite. Elle a énormément de mal à boucler les fins de mois et ne mange pas à sa faim, ce qui lui vaut de nombreuses interrogations et autres délires, apportant au récit la touche burlesque évoquée plus haut. Les passages avec Lorchus, le démon personnel de l’héroïne, sont jubilatoires, et le détournement de l'auteure avec les codes de la mise en page, comme dessiner une bombe ou un sexe masculin avec des mots, contribue à l'ambiance cocasse du livre.
Et pourtant, sous son aspect léger et drôle, ce roman aborde avec subtilité et sagacité – et c'est là toute la force et le talent de Sophie Divry – un sujet grave et peu enclin à faire rire en temps normal : le chômage et la précarité des personnes sans emploi. Sophie Divry signe un livre anxiolytique sur lequel je ne peux que vous conseiller de vous jeter pour vous évader de votre quotidien.