Quand souffle le vent du Nord par Manuegrgs

Il m'aura bien fallu une journée pour m'immiscer réellement dans ce roman pourtant tendre et simple ; mais seulement quelques heures pour en achever la lecture.
Ce livre et tout simplement étonnant.
Étonnant parce que cet échange de mails n'est même pas lassant. Étonnant aussi parce qu'en lisant les conversations, on oublie presque le contexte dans lequel tout ceci a commencé.
Les traditionnelles questions que l'on pourrait se poser ne nous traversent même pas l'esprit ; on ne s'interroge pas sur la façon dont il est possible de tomber en amour pour quelqu'un qu'on ne connaît que par l'intermédiaire de ses écrits, quelqu'un qu'on ne rencontre jamais..
En réalité je me demanderai comment est-ce possible, mais finalement ce n'est que matérialisme.
Cet échange spirituel et doux contrôle tout, et il permet aux deux protagonistes d'échapper au quotidien parfois morne d'un mariage réussi et heureux ou aux tristes conséquences d'une rupture hésitante et douloureuse.
En somme, ce livre est très joliment écrit, très subtil et très plaisant.
Or, je me permets un commentaire négatif sur l'intervention de ce cher Bernhard. Je j'ai pas du tout aimé la façon dont il s'est interposé, par l'intermédiaire de quelques mails discrets envoyés à Léo, après avoir découvert et lu l'entière correspondance qu'entretenait secrètement sa femme. Je n'ai pas aimé la façon pourtant si élégante dont il se démasque en appelant notre héroïne Emmi plutôt que Emma. Je n'ai pas aimé ce dernier mail qui annonce la fin, le changement d'adresse de Léo et la rencontre ratée à la dernière minute. Cette prise de conscience de Emmi, ou du coup devrais-je dire Emma, a été si rapide et injustifiée.. Après tous les efforts qu'elle avait fourni pour bâtir ce jeu, cette intimité.
Selon moi, elle a été très intelligente de faire entrer Mia dans la partie, elle est très mignonne quand elle décrit son respect pour son mari, face à ses meubles qui l'observent d'un œil interrogateur et lourd de reproche..
Mais c'est lorsque l'on commence à s'attacher à ce "monde extérieur" unissant les personnages principaux, que Emma laisse tout tomber, soudain tout s'envole et nous, on a déjà épuisé toutes les pages de notre livre.