Quinze cents kilomètres à pied à travers l'Amérique par BibliOrnitho

Muir est botaniste. En 1866, âgé de 28 ans, il décide d’aller herboriser dans le sud des Etats-Unis et d’aller découvrir l’Amérique du Sud. Il rêve de découvrir la forêt tropicale et d’aller trainer ses guêtres sur les bords de l’Orénoque et de l’Amazone.

Aussi, un matin de septembre prend-t-il son sac, ses livres et sa presse pour recueillir des échantillons en chemin. Il quitte son Wisconsin pour se rendre à Indianapolis qui sera son réel point de départ. Il ne connait pas le sud. Né en Ecosse, il est arrivé aux USA à l’âge de dix ans. La seule balade qu’il ait réalisée, c’est une petite virée du côté des Grands Lacs (rives canadiennes) pour assouvir sa passion des plantes. Autant dire que le périple qu’il se propose de faire est ambitieux.
Muir est bon marcheur. Il s’enfonce dans ce sud dont il ignore tout, dix-huit mois à peine après la fin de la Guerre de Sécession. L’esclavage n’est pas aboli depuis un an qu’il aborde les premières plantations de coton et ses ouvriers noirs qui sont désormais payés (une misère). Dans la partie nord de son voyage en direction du Golfe du Mexique, l’accueil est toujours chaleureux. Dans le sud par contre, on se méfie davantage. Que fait un Yankee si au sud et si tôt après la fin des hostilités ? Muir est toujours suspect et soumis à de véritables interrogatoires avant d’être admis à partager la table d’un habitant chez qui il cherchait le gîte et le couvert pour la nuit.

A travers l’Indiana, le Kentucky, le Tennessee, la Caroline du Nord, la Géorgie et enfin la Floride, Muir observe la nature, les plantes qu’il découvre, décrit et collecte, certains animaux et oiseaux remarquables qu’il croise. Il conte également ses rapports avec les gens rencontrés, quelle que soit leur couleur de peau, ses réflexions philosophiques sur la violence, le narcissisme et l’égoïsme du genre humain qu’il ne porte pas dans son cœur. Et théologiques à propos d’une humanité convaincue d’être au sommet du monde et de pouvoir disposer à loisir d’une nature créer pour elle par Dieu.

Arrivé en Floride, Muir est terrassé par une crise de paludisme contractée durant son voyage. Il reste alité plusieurs mois. Ses forces l’ont abandonné. Il ne peut plus marcher, se lève à peine. Pourtant, il se rétablit et décide de poursuivre son projet. Il trouve un bateau et s’embarque pour Cuba. Arrivé à La Havane, il doit de rendre à l’évidence : son état de santé reste très précaire et il lui est impossible d’aller au bout de son idée. Il remonte alors à New York pour trouver un bateau qui l’emportera vers la Californie. Traversée en train de l’isthme de Panama (la canal ne sera mis en service qu’en 1914), arrivée à San Francisco, découverte de la Sierra Nevada et de la vallée de Yosemite qui va bouleverser le globe-trotteur (c’est John Muir qui est à l’origine de la création du Parc National de Yosemite).

Un livre très intéressant, moins toutefois que son récit sur son voyage en Alaska entrepris dix ans plus tard. Ce compte-rendu de sa traversée des USA est d’ailleurs l’œuvre de son éditeur qui a compilé carnets de terrain et correspondance tenu par l’aventurier. Le texte est passionnant, mais plus léger, moins approfondi que ne le sera sa chronique alaskienne.
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le 26 juin 2014

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