Radieuse Aurore est un livre assez méconnu dans la bibliographie du célèbre Jack London. Injustement méconnu pourrait-on dire en terminant la lecture de ce roman sorti un an après le chef d’œuvre Martin Eden.


Radieuse Aurore, de son vrai nom Elam Harnish, chercheur d'or dans le grand nord s'est forgé une solide réputation au sein de la petite communauté de prospecteurs. Doté d'une force et d'une endurance exceptionnelles, l'homme est de tous les défis. Se méfiant des femmes qu'il perçoit comme un frein à sa liberté, Radieuse Aurore parvient à faire fortune grâce à sa persévérance, son audace et son sens des affaires. Il décide alors de se lancer à la conquête de San Francisco pour y bousculer les magnats de la finance. Happé par sa réussite et sa fortune, notre héros s'empâte. Il trouvera alors dans l'amour un second souffle.


On notera de nombreuses ressemblances entre le personnage de Martin Eden et celui de Radieuse Aurore. Ces deux personnages sont hors norme, tant sur le plan physique qu’intellectuel, et portés par un destin exceptionnel. Mais alors que le premier se consumera, incapable de supporter le fardeau de sa différence, Radieuse Aurore ne cesse de rebondir en faisant de formidables pieds de nez à la vie. Par un jeu de miroir, Jack London propose deux destinées, chacune transformée à sa façon par l'amour et la richesse.


Jack London ancre son récit dans deux régions qui lui sont chères, le Klondike, synonyme de liberté et d'aventures, et San Francisco, ville gangrénée par la richesse d'une caste arrogante. L'écrivain construit son récit en deux parties. La première, se passant à Klondike, relève du roman d'aventure avec cette nature d'une hostile beauté. La seconde, à San Fransico, est portée par les convictions politiques de son auteur. Les puissants du monde de la finance y sont décrits comme des loups sans cœur, dévorant les hommes en les jetant dans une misère sans nom et ce, à la seule fin de s'enrichir davantage.


On pourrait reprocher à Radieuse Aurore une fin quelque peu niaise. Je l'ai trouvé au contraire d'une beauté sans pareille. Se terminant dans une lutte intérieure fracassante, le roman se teinte d'un optimisme auquel London ne nous avait pas habitués.


Radieuse Aurore est une invitation à découvrir la part lumineuse de son auteur. Ce dernier ne se départit pas pour autant de ses convictions morales et sociales, ancrant cette œuvre particulière dans les romans caractéristiques de London.


Finalement, celui qui parle le mieux de Radieuse Aurore, c'est Max Gallo, auteur de la préface :



Je ne me croyais même plus capable de rencontrer un homme - un roman - comme celui-là.


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le 31 mars 2018

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Vincent Ruozzi

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