L'accident a eu lieu au petit matin, sur une route du pays de Caux. Les gamins revenaient d'une séance de surf en plein hiver. Chris a perdu le contrôle du véhicule. Sur les trois passagers, Simon était le seul à ne pas avoir sa ceinture. Coma irréversible, mort cérébrale. Le drame va se dérouler en vingt-quatre heures et en trois actes : d'abord prévenir les parents, leur annoncer la nouvelle et les accompagner face à l'horreur de la situation. Puis leur faire comprendre que si leur fils a perdu la vie, son cœur palpite encore. L'infirmier de réanimation demande à ce couple fou de douleur s'il accepte que l'on prélève les organes de Simon. Avec tact, sans jamais leur forcer la main et en leur laissant le temps de réflexion nécessaire. Enfin, après avoir obtenu le consentement parental, mettre en branle la procédure ultra codifiée permettant les prélèvements. Une course contre la montre où chaque acteur du théâtre médical doit connaître son rôle sur le bout des doigts.

Ce roman abordant la question du don d'organe est fascinant à bien des égards. Maylis de Kerangal propose une réflexion profonde sur le sens que l'on peut donner à la mort. Et le lecteur de s'interroger à son tour, d'imaginer quelle serait sa réaction dans une situation semblable. Comment par exemple accepte-t-on, en tant que parent venant de perdre son enfant, de voir son corps « profané » pour prolonger la vie d'une autre personne ?

Le fond interpelle, bouscule, transcende l'atrocité pour faire jaillir l'espérance. Mais la forme est pour moi plus problématique. L'écriture est ample, sèche, précise, très descriptive, froide. Elle ne laisse à aucun moment l'émotion déborder sur l'aspect purement chirurgical. Je peux comprendre ce choix narratif et constater son efficacité mais il m'a laissé à distance. Finalement, j'ai trouvé ce roman trop écrit, manquant d'une certaine forme de spontanéité.

Une belle découverte néanmoins et je ne regrette pas une seconde de m'être lancé dans ce texte qui ne pourra laisser personne indifférent.
jerome60
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le 18 août 2014

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