J'ai été incroyablement surprise par ce roman autobiographique. Je n'ai jamais vraiment aimé les livres autobiographiques, traitant pour ma part, trop dans le commun des mortels... Mais celui-ci quel bijoux !
Je ne connaissais pas du tout De Vigan, j'ai acheté le livre par hasard et je ne regrette pas !


Dans Rien ne s'oppose à la nuit l'auteur qui est aussi la narratrice, cherche à rendre hommage à sa famille et en particulier à sa mère. Elle nous expose sa mythologie familiale, comme elle aime à le dire. Parce que pour raconter Lucile, sa mère, elle doit aussi raconter sa famille.


Dès le début, la narratrice raconte avec qu'elle violence elle a découvert la mort de sa mère, nous sommes donc avertis. Tout le roman, sera dédié à sa mère, à cette compréhension de cet être ambigu et souffrant, dans un silence faisant office de défense. Cette mère dès sa plus tendre enfance présente sans l'être, souffrant déjà et se repliant dans un monde de chimère. C'est donc dans une quête presque vaine que se lance la narratrice. Elle nous exposera d'ailleurs combien l'écriture de ce livre n'a pas été sans douleur, sans doute. C'est donc non sans difficulté que la narratrice commencera le récit avec le doute déjà présent d'un possible échec. Après tout écrire sur sa mère, est un sujet déjà pas mal présent dans la littérature et puis est-ce si intéressant ? Elle aimerait aussi écrire l'histoire de sa mère dans sa plus pure objectivité, tout en essayant de heurter le moins de personnes possibles, mais elle se rendra vite compte que ce n'est pas entièrement possible.


La narratrice va donc nous raconter sa famille, en passant par celle de Lucile, sa mère. Elle va essayer de retranscrire ce qu'a pu penser Lucile, ce qu'elle a pu ressentir, mais en vain. Rien ne sera tout à fait la réalité. Tout au plus est ce un récit qui s'approchera de Lucile, en fera le contour sans vraiment l'approcher. Ce ne sera que l'essai de l'objectivité avec pour approche des fragments de discours tenus par les survivants de cette famille, des cassettes enregistré par le père de Lucile, des textes ou bien encore des photos. Lucile a de toute façon toujours été secrète et dans la mort elle emportera cette part d'ombre, d'elle même.


Vous l'aurez donc compris tout au long du récit nous serons balloté par une reconstruction de l'histoire de Lucile. Nous entrerons dans son intimité, dans l'intimité familiale sans vraiment y être. Nous verrons que très tôt, Lucile a été confronté à la mort, que la mort sera une menace constante pour elle, une peur, puisque les drames se succéderont les uns aux autres. Nous verrons à quel point Liane, la mère de Lucile a été une mère aimante essayant de recoller les morceaux de son mari, Georges.


Nous ne serons pas sans ignorer également à quel point les parents de Lucile, ont eu une confiance en la vie, une confiance que la narratrice, par un biais de son époque actuelle, juge d'aveugle et qu'elle est incapable d’apprécier. Laisser ses enfants seuls, elle, qui est mère à son tour, elle trouve cela inconcevable et pourtant Georges et Liane l'ont fait durant un week-end. L'auteur racontera également avec qu'elle force Georges sera un père qui montera ses enfants en haut du podium pour mieux les détruire par la suite. Elle expliquera aussi avec qu'elle naïveté Liane n'a pas vu ses choses là et à fait confiance à son mari. Après tout Liane est la figure d'une époque ou la femme se devait d'être dévouée à son mari.


Puis, l'auteur nous racontera le passage de la vie d'adolescence de Lucile à la vie d'adulte, pour finir par un récit qui sera basé de son point de vue d'enfant. C'est sans doute la partie la moins dure pour elle à raconter en terme d'information, puisqu'elle était là, elle n'a pas à s'appuyer sur les propos des uns et des autres, seulement ce sera la partie sans doute la plus dure à raconter de part cette enfance difficile pour la narratrice. Et puis-ce qu'elle a vécut cette époque peut-elle vraiment être objectif ? La narratrice nous donnera à voir dans cette période, une Lucile disloquée et atteinte de bipolarité. Une Lucile que les drames auront finit par usée et qui de toute manière aura selon le point de vue de sa fille aimé se détruire le corps (selon elle, une de ses occupations préférées).


Rien ne s'oppose à la nuit, est à coup sur un roman qui gardera une place de choix dans ma bibliothèque. Et pour cause... L'auteur arrive avec une force surprenante à raconter une histoire qui se veut personnelle tout en lui donnant un côté plus général. En effet, elle approchera certains thèmes que nous connaissons tous : la mort, les fossés transgénérationnels... Mais, elle nous donnera aussi - pour le plus grand plaisir des yeux - à lire, une époque, celle de nos parents, de nos grands parents, de nos arrières grands parents, qu'elle arrive à approcher le plus possible d'une réalité plus ou moins tangible.

MalorieAdam1
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Livres

Créée

le 10 juil. 2017

Critique lue 182 fois

Malorie Adam

Écrit par

Critique lue 182 fois

D'autres avis sur Rien ne s'oppose à la nuit

Rien ne s'oppose à la nuit
BibliOrnitho
9

Critique de Rien ne s'oppose à la nuit par BibliOrnitho

Delphine de Vigan écrit sur sa mère. Un texte qui s'ouvre et s'achève avec la mort de Lucile parvenue au bout du chemin, qui ne désire pas aller plus loin mais au contraire de mourir vivante...

le 20 juin 2012

23 j'aime

Rien ne s'oppose à la nuit
Elise_Trukovics
9

Allo Maman bobo

Il faut avouer que parler de sa mère est un sujet galvauder, beaucoup d'écrivains couchent sur le papier leurs sentiments à l'égard de leur maman. Comme si la mère, plus que le père portait en elle...

le 5 août 2016

20 j'aime

3

Rien ne s'oppose à la nuit
babouchka
4

Se situer dans la lignée d'Angot...

Rien ne s'oppose à la nuit se lit d'une traite, avec avidité je dirais. Pourtant un lourd sentiment de malaise s'installe vite: on est dans du voyeurisme pur. Je ne pouvais m'empecher de me dire: si...

le 10 janv. 2012

17 j'aime

6

Du même critique

Un monde entre nous
MalorieAdam1
8

La fougue de vivre

La bande annonce d'un monde entre nous pouvait laisser présager un film uniquement axé sur une histoire d'amour, et c'est une belle méprise qui m'aura bien surprise. Tout d'abord, c'est avec...

le 10 sept. 2017

2 j'aime

1

Madame Bovary
MalorieAdam1
5

Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute

Tout d'abord, je tiens à préciser (même si cela m'en coûte) que je n'ai pas encore lue l’œuvre originale dont ce film est tiré. Pour cette raison, je ne pourrai émettre de sérieuse comparaison entre...

le 28 juin 2018

2 j'aime

7

Cinquante Nuances de Grey
MalorieAdam1
5

Soyons maso..

Tout est dit dans le titre : je dois être un peu maso sur les bords. Après avoir vu le film au cinéma, je n'ai pas pu m’empêcher de lire le livre. Pourtant, je n'avais pas adhéré, mais alors pas du...

le 10 juil. 2017

1 j'aime