J'ai avalé ce livre en deux jours. Ce qui n'est pas spécialement bon signe. Cela prouve que ce livre est extrêmement facile à lire. Tellement que ça en devient ... un peu plat. J'ai tourné les pages vite et bien, à avancer rapidement dans l'histoire, dans l'évolution de la maladie de Lucile, et des tourments de sa fille, sans que ça ne me touche particulièrement.
Des évènements qui se succèdent, dont la narratrice se détache volontairement, ce qui a l'avantage de ne pas nous imposer une histoire pleine de pathos, de larmes, de morale, mais qui, en même temps, tient à l'écart, et surtout, donne l'impression d'un tout ça pour ça.

Ce livre a manifestement été écrit comme une thérapie par l'auteur, une manière d'aborder posément, frontalement et avec recul, la maladie et la mort de sa mère. Son histoire, sa famille et sa culpabilité. A quoi ça sert pour un lecteur lambda ? Pas à grand-chose, je trouve.

Ce roman peut fonctionner, oui, sur des personnes qui auraient pu vivre une situation similaire, qui s'y retrouvent, ou qui ont particulièrement d'empathie et de sensibilité face à de tels sujets. Pour moi, c'était un livre qui se lit, qui passe le temps, mais qui a quelques moments qui intéressent et qui interrogent, sans aucun bouleversement et peu d'attendrissement.
Parce que le style de l'auteur est simple, plutôt plat et monotone même, que sa façon d'aborder les choses est très personnelle, comme uniquement tournée vers elle, pour elle.

Je ne suis pas choquée par la vision du suicide qui circule tout au long de ce livre (plusieurs personnes de la famille se donnant la mort), mais parce que c'est quelque chose que je comprends et que j'accepte. La vie à tout prix, ça me dépasse complètement. Et j'ai trouvé que le cheminement de réflexion de l'auteur montrait pourquoi elle en arrivait là aussi, et pas pour uniquement se déculpabiliser. Je ne sais si c'est un reflet de notre société, qui laisse tout tomber. Je le vois plus comme une acceptation de la liberté de l'autre. En même temps je suis probablement aussi un produit de cette société et peut-être que j'en ai accepté les codes sans réfléchir.

Bref.
Pour moi, en tout cas, Vigan n'est pas un auteur à suivre. Je pense que là, son livre marche parce qu'il touche un sujet sensible, tendre, affectif, et voyeur. Que nombre de lecteurs peuvent s'y retrouver. Et qu'on se retrouve à un moment à admirer cette femme qui a tenté d'exorciser sa douleur. Et avec le tact de ne pas en faire trop.
Après, sur un autre sujet... sur une vraie histoire romancée, je ne suis vraiment pas certaine qu'elle tiendrait la route. Ses descriptions de lieux, d'actions, de personnages, la façon dont elle les met en scène... tout est succinct, à la limite du trait grossier. Son rythme d'écriture est plat, répétitif, et ne creuse nulle part dans la langue ou dans l'histoire

Donc, je pense que ce sera mon seul essai avec cet auteur.
Queenie
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le 21 oct. 2012

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