‘Rien ne s’oppose à la nuit’, curieusement, est un livre difficile qui se lit facilement. L’écriture de Delphine DE VIGAN a une légèreté qui peut vous bombarder des drames familiaux autant qu’un bon mot, un souvenir heureux ou une anecdote qui pousse à réfléchir, à rire… à sourire tout du moins !
Dans ce roman (n’oublions pas qu’il s’agit d’un roman !), L’auteure nous conte la vie de sa mère, bipolaire, chahutée dans son enfance, sa vie de femme, sa vie de mère et sa fin de vie. Cette Lucie qui a connu ‘plusieurs morts’ tant qu’elle vivait a décidé de mourir en étant vivante, elle s’est donc suicidée !
Avec pudeur et sans retenue, Delphine DE VIGAN nous invite à suivre la fille et femme qu’elle est dans la reconstruction de la vie, du pourquoi et du comment une mère peut-elle, à la fois, être aimée et détestée. Elle pose le problème rencontré par tout auteur voulant se dire à travers l’histoire d’une mère. Elle se dit autant qu’elle la dit ! Aussi bien dans ses vérités, que ses mensonges, ses mauvaises perceptions, ses intuitions qui révèlent les autres, la fratrie, les parents, amis, passants qui croisent la route de nos proches du temps de leurs vies. Et ce travail d’écriture n’est jamais ni facile, ni totalement compris par ceux dont on parle, par ceux qui le lisent. L’est-il seulement par celle qui écrit ? En partie, probablement !
Il faut donc prendre ce roman comme une réflexion sur la vie, la responsabilité que l’on a d’accompagner ou non nos proches, le devoir de faire lien, le droit de le briser. Bref, le devoir qui est le nôtre de chercher à se situer dans la vie qui est la nôtre et dont nous ne sommes qu’un maillon, un relais dans l’histoire qui trame le quotidien.
Malgré le poids des drames évoqués et la lourdeur des situations rencontrées, ‘Rien ne s’oppose à la nuit’ est un livre agréable à lire.