C’est un récit autobiographique d’une grande force que nous livre Delphine De Vigan ici. A travers une écriture fluide aux contours épurés, elle retrace, se souvient, raconte : sa mère, le contexte familial dans lequel elle évolue, sa chute, ses victoires et ses rêves. Car au-delà du mal, de la maladie, de la rancœur parfois, c’est bien une quête de soi, de l’autre et de son ancrage familial qu’entreprend Delphine de Vigan on le sent, souvent avec difficulté mais aussi avec beaucoup de compassion et d’humilité. Difficile de saisir l’autre, cette figure maternelle, ses nuances, ses rires et son regard souvent perdu dans un au-delà inaccessible.
L’auteur pose aussi la question de la légitimité de son travail : a-t-elle le droit de raconter la vie de sa mère ? De tenter de s’en approcher par le regard nécessairement biaisé des autres ? Sans trop s’impliquer émotionnellement, sans faire éclater une vérité trop lourde à porter ?
Le récit qu’elle nous livre ici est intime, mais aussi très pur et très doux. Toujours compréhensif, on sent que c’est une mère qui parle d’une autre, grande et fragile en son coeur. D’éclats de rires en silences, elle offre à ses lecteurs ce qu’elle a de plus intime, son terreau, son essence. Parfois conflictuel mais souvent empreint d’une grande considération, elle offre à sa mère le plus beau des écrins : son admiration et son amour.
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