Porté par une écriture rêveuse, ce roman fait la part belle à l'homme dans son rôle de père, bien qu'il tarde à s'atteler véritablement à ce thème-là et se perd dans sa première moitié dans des réflexions pseudo-physiologiques, tant humaines (le corps, ce que la mort fait au corps), que végétales (les boutures de roses).
Cet égarement dans la narration ne m'a posé aucun problème puisque ce sont des sujets (le jardinage, la mortalité) que j'apprécie, mais d'autres que moi pourront vite s'ennuyer dans les deux cents premières pages, jusqu'à l'arrivée des deux femmes mentionnées dans le résumé.
Le style de l'auteur est reconnaissable par cette étrangeté poétique qui se dégage des paragraphes, que l'on croirait presque désordonnés tant leur arrangement semble quelquefois capricieux. C'est presque comme si les mots, une fois posés sur la page, étaient instantanément oubliés ; il y a donc foule de redites et de maladresses (notamment un dialogue effacé des mémoires des personnages seulement trente pages plus loin — une bévue que j'espère causée par la traduction).
Enfin, il paraît davantage dans ce livre que dans Le Rouge vif de la rhubarbe que l'écrivain a une relation étonnante, fraîche, je dirais, avec la religion catholique, comme s'il était lui-même cet enfant du roman qui découvre l'église pour la première fois, ses tableaux, retables, statues. C'est plutôt amusant à lire, surtout quand est sous-entendu (ostensiblement pourtant) le caractère mystique de la fille du héros.