Si seulement l'intrigue était moins pourrie...

Vers le XVIIe s., Mars a été terraformée par des Chinois, des Tibétains envoyés comme colons et des Américains. Mais ce sont les Chinois qui se sont imposés, et la topographie martienne porte des noms à la chinoise. Un empire céleste opprime le peuple et interdit tout contact avec l'espace, alors que la Terre tire les ficelles et que depuis Titan, une incarnation d'Elvis, qui est devenu un prophète, envoie des messages radios. Il y a aussi les conchies (sic), une faction qui veut tout détruire sur Mars pour lui rendre son aspect originel, et au contraire des anarchistes réfugiés dans la ceinture d'astéroïdes, qui ne peuvent avoir de contact avec Mars du fait d'une barrière antiaérienne ultrasophistiquée.

Wei Lee, un ouvrier agricole, assiste à la chute d'un appareil anarchiste. Dedans il y a une fille, qui l'embrasse et lui communique ainsi un "virus", comprenez des nanotechnologies qui vont faire de Wei Lee un surhomme : il reçoit la radio dans sa tête, a une vision zoomante, avec divers filtres comme infrarouge, etc..., son corps s'autorégule et il peut passer en hypermode (une sorte de "bullett time"). Prisonnier et menacé d'être exécuté par son arrière-grand-oncle Wei, un potentat, Wei Lee s'enfuit avec la fille, Miriam Mbele. Presque morts dans une tempête, ils sont recueillis par les résidus d'une ancienne lamaserie tibétaine dominée par un cerveau électronique en mal de serviteurs à contrôler. La fille meurt, son esprit se réfugie de manière latente dans l'esprit de Wei Lee, qui est recueilli par des cowboys, parmi lesquels le fougueux Redd. Arrivé dans une ville, Wei Lee rencontre aussi Chen Yao, une petite fille habitée par un esprit semblable, qui assure Wei Lee qu'il est porteur du destin de Mars.

De fait, lors d'une manifestation pacifique qui dégénère, Wei Lee a accès à un projecteur tridi géant et lance des slogans subversifs, ce qui initie une révolution. Puis il fuit, est capturé par Mary Makepeace Gaïa, jumeau maléfique de Miriam Mbele, et Damon Lovelace, un scientifique terrien. Mais un stampede de yacks des plaines les délivre. S'ensuit un épisode de siège dans une cité qui vient de se libérer, puis une course vers le Mont Olympus (rebaptisé montagne du Tigre), avec un épisode de chasse à la raie géante des sables parce que nos héros ont été capturés par des descendants des Américains réduits à la misère. En montant le flanc d'Olympus, nos héros traversent des villes livrées à des espèces de cannibales dégénérés nains (scène de siège). Puis arrivé en haut, Wei Lee plonge dans le cyberspace (ce qu'il a fait à plusieurs reprises) et se confronte dans la Cité Interdite à l'empereur. Celui-ci dévore un enfant à qui Wei Lee avait fait ingérer son virus : l'empereur s'autodétruit. Le bouclier de Mars est levé, les anarchistes peuvent bombarder la planète d'aérolithes glacés pour en restaurer l'atmosphère. Le cyberspace est libéré. Wei Lee est physiquement mort, mais veille sur tout le monde dans la matrice.

L'intrigue est particulièrement idiote et mal amenée. J'ai pensé de nombreuses fois à cette grande déception que fut "Radix". C'est le même genre de délire, avec un héros en formation, porteur du destin de l'humanité, et entouré de satellites-faire-valoir. Et des méchants qui n'en finissent pas de ricaner en disant des trucs du genre "Tu croyais être venu ici par libre-arbitre ? Mais j'avais tout prévu depuis le début, ha ha ha...".

Quel dommage. Car l'écriture de McAuley a vraiment quelque chose d'accessible, rock et fluide à la fois, qui parle à notre imaginaire inspiré de BD et de jeux vidéos. D'autant que la traduction française de Nathalie Serval est vraiment excellente. L'univers est de plus riche est fouillé : j'aime bien par exemple l'épisode de la chasse à la raie des sables, ou toutes les randonnées dans les sables. Beaucoup de bonnes idées, comme cette colonisation de Mars par une faune préhistorique.

Mais les différentes factions sont tellement mal expliquées qu'on n'en profite pas. Par exemple on ne comprend pas trop quelle c...nerie incroyable pousse l'Empire à se couper du monde et regarder la terraformation de Mars régresser sans rien faire. Et j'ai passé 2/3 du livre à hésiter sur ce qu'étaient exactement les conchies. Et puis tout ce délire à la Carlos Castaneda sur le héros en formation, franchement, ça m'énerve plus qu'autre chose. Enfin, j'étais déçu qu'un livre sur Mars change les noms attendus de la toponymie martienne sans nous livrer de carte qui nous permette de nous repérer.
zardoz6704
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le 1 janv. 2014

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