Au risque de me faire des ennemis, je vais le dire de but en blanc : non, je ne trouve pas que la trilogie de Fondation soit très bonne. Je la trouve même plutôt mauvaise. Pourtant j'ai adoré le cycle des robots. Ma critique va se baser autant sur la trilogie entière que sur le 3e tome, sachant que je vais m'attaquer aux deux autres romans qui suivent chronologiquement (truc foudroyé et truc bidule).


Déjà, je n'ai jamais adhéré à cette idée de l'empire galactique composé de 25 millions de mondes. On a déjà du mal à rester unis sur une seule planète, il m'est impensable qu'on puisse tenir la chose avec 25 millions de planètes, on ne ferait que multiplier les problèmes à l'échelle galactique. Mais bon, pour le récit, admettons... Si ça ne vous dérange pas, je vais plutôt m'imaginer un empire avec 34 567 mondes seulement. 34 567, c'est un bon chiffre.


Viens ensuite la chute de cet empire. Une fois de plus, je n'adhère pas. Ca fait combien... 13 000 ans qu'il est là, l'empire de Trantor ? Et hop, chute en plein centre du peloton, d'un claquement de doigt, d'un coup d'un seul. Et à peine 50 ans plus tard, la "science atomique" (comme Asimov aime la nommer), elle a disparu comme ça, pouf pouf... Visiblement, avec la chute de Trantor, les gens sont devenus cons comme des valises, incapable d'apprendre. A croire que seule Trantor connaissait la physique nucléaire. Allez, on va admettre, pour le récit...


Pendant ce temps, des vaisseaux spatiaux continuent de sillonner l'espace alors que le commun des mortels se chauffe avec un vieux poêle à bois (tout juste s'ils ont l'électricité) et reste en émois face à un trône volant. Toc toc les gens, on arrive à faire des sauts hyper spatiaux et le seul truc qui vous étonne, c'est le prince Machin qui fait le con avec son fauteuil en lévitation ? Mouais, on va dire que c'est pour le récit...


Bon je suis un peu sarcastique, mais c'est parce que je suis déçu. L'idée de la technologie de pointe volontairement cachée derrière un écran religieux, c'est super intéressant mais ça mériterait un traitement spécifique. Là on ne fait que survoler le sujet, au gré des personnages qui historiquement se succèdent.


La première fondation est donc là pour sauver le monde de la barbarie avec sa super technologie - Youpi ! - puisqu'elle est la seule à tirer son épingle du jeu. Sans déconner, avec 25 millions de mondes, y'en a pas un autre, juste un seul, un tout petit, qui s'en sort bien ? Non désolé, même avec 34 567 mondes, c'est déjà très improbable. Mais bon, pour le récit... admettons, encore !


Bref, on arrive à un stade ou la seconde fondation entre en jeu. Son but originel : tirer des plans sur la comète, heu pardon... faire perdurer le plan Seldon, ce qui revient sensiblement au même. Car le Mulet va tout faire capoter, s'il continue de fidéliser la clientelle galactique avec ses capacités psychoactives. La seconde fondation va devoir détourner son attention, et c'est la première partie de ce tome 3. Jusque là, ça se tient plutôt bien.


Malheureusement, 140 pages seulement pour préparer un combat mental entre le Mulet et le Premier Orateur qui se borne à une joute mentale au travers de deux autres personnages (Pritcher et Channis), c'est pas un peu léger ? Ah non pardon, ce combat dure 20 pages...


20 pages de discours patauds, de paroles lourdingues du genre :
"Ha c'est moi le plus fort !
- Haha non, car moi j'ai pensé à ça !
- Hahaha même pas, car moi j'ai pensé que tu avais pensé à ça...
- Héhéhéhéhah, tu te trompes, car pendant que tu pensais que je pensais, moi je pensais à autre chose...
- Hahahahéhéhéhahahéhéhahahhhhhhh (épuisement) kuff kufff (toussotement), j'avais pensé que tu pensais que...
20 pages, j'vous jure.


L'intrigue a un tel potentiel, je ne comprend pas comment et pourquoi Asimov en a fait un truc si plat voire indigeste. On a, juste une fois, une scène de suspens quand Channis et Pritcher rencontre l'Ancien. C'est dommage, cette intrigue aurait pu être largement développée. Car au final, on a le droit à quoi ? Un aller simple à Finistelle, sans fioriture, et une rencontre immédiate entre deux boss de fin de niveau. J'en attendais beaucoup plus.


Et puis quand on y réfléchit un peu, y'a pas un truc qui déconne dans cette histoire de (re)colonisation galactique entre le Mulet et la seconde fondation ? Je veux dire, si le mulet arrive à fidéliser ses sujets, étant le meilleur vendeur de l'univers, pourquoi la seconde fondation n'utilise pas le même principe alors qu'elle a le même pouvoir ? Pourquoi devoir attendre ces fichus 1000 ans ? Le Mulet l'avait bien compris, il pourrait réduire cette durée à 300 ou 400 ans grâce à son pouvoir, mais il ne pouvait pas donner son pouvoir à autrui pour faire perdurer son règne galactique (donc son empire allait mourir avec lui). Alors que la seconde fondation, si forte qu'elle est dans sa maîtrise simultanée de la psychohistoire et de la "modification psychique", elle peut à tout moment prendre le pouvoir pour imposer son règne. Or c'est justement son but premier : imposer un second empire galactique. Ben alors, vous avez un coup de mou, les gars ?


Petite digression > Mulet qu'on considère comme un mutant, alors que les mentalistes de la seconde fondation eux, sont des êtres humains très intelligents. C'est pas très gentil pour le Mulet. Ah mais c'est vrai, les mentalistes eux, savent faire des calculs de proba. Ce sont donc des êtres humains. Asimov je te le dis : tu files un mauvais coton avec ta suprême science. Y'en a qu'ont fait des guerres pour moins que ça, et pour ça aussi d'ailleurs ! Et puis sur 34 567 mondes, enfin 25 millions je veux dire... y'a que le Mulet à disposer d'un "pouvoir" identique ? Bon oui, pour le récit, admettons...


Deuxième partie du tome 3 : le détournement du Mulet ne suffit pas, il faut effacer les traces qu'il a laissé derrière lui (je parle des indices, bien sûr). La seconde fondation se retrouve une fois de plus à jouer un rôle qu'elle n'est pas sensée jouer : intervenir directement auprès des protagonistes. Bon, l'idée de base est bonne. Très bonne même. Et si Asimov avait décidé d'en faire un volume entier, on aurait eu droit à un épisode splendide. Parce que l'intrigue, même si elle est plus présente ici que dans la quête du Mulet, ne relève pas non plus de trésors d'ingéniosités. Certains personnages de la conspiration sont plus qu'anecdotiques, Cellia reste trop en retrait, et il n'arrive rien de méchant à la petite Arcadia. J'aurais voulu un truc bien dramatique pour elle, genre voir son père pleurer en la retrouvant lobotomisée, ou autre chose qui nous montre que la seconde fondation est prête à faire dans le dégueulasse pour défendre Le Plan, un truc qui nous fasse vraiment flipper quoi.


Et puis il y a une chose qui a finit par m'horripiler, mais vraiment, c'est quand Asimov s'exprime directement au lecteur pour lui faire comprendre certaines choses. D'une part, je trouve cette méthode totalement inappropriée pour un tel récit, à moins qu'il eut voulu donner un côté décontracté voire comique à l'affaire (ce qui s'avèrerait être un échec total si tel était le cas). D'autre part, il en fait des caisses pour des trucs super simples à comprendre. A croire qu'il nous prend pour des débiles.


Exemples obligatoires à ce stade...



  • Les premiers mots du 8e chapitre sont : "Imaginez une salle". Jusque là ça va, j'imagine. T'aurais juste pu écrire : "La salle était peu éclairée" ou "très éclairée" (on s'en fout, en fait), mais d'une pierre deux coups, on imaginait une salle et en plus on en avait une simple description. Enfin merde Asimov je vais quand même pas t'apprendre la description, quoi !


  • Et quelques mots plus tard : "Il nous suffira de dire que dans cette salle, la seconde fondation est une réalité tangible". Heu sérieux Asim', à suivre tes conneries depuis le début je m'imagine un empire galactique, tu crois quand même pas que je vais buter sur une salle avec un mystique dedans (le Premier Orateur) ! Merde quoi !!!


  • 6 ou 7 paragraphes plus loin : "A l'origine, le langage humain constituait le moyen blablabla..." Là il nous explique carrément à quoi ça sert de parler. Faudrait aussi que tu m'expliques pourquoi je te lis, Asim'. T'es un Mulet, c'est ça ?


  • 3 pages plus loin, après moultes tergiversions : "Nous supposerons donc pour les besoins du récit que le Premier Orateur avait effectivement prononcé ces paroles..." Mais évidement qu'on va le supposer, sinon y'a plus rien à raconter, espèce de guignol ! T'as fait 3 pages pour nous dire ça, tu t'en rends compte, Asim' ?



Non mais sans déconner, qui apprécie ce genre de foutaise ?
Mais bon vous me direz... pour le récit, ADMETTONS !!!!!


Et puis la fin... La période de décadence était prévue pour durer 1000 ans, mais on finit la trilogie à environ 500 ans. La seconde fondation a pour but de préserver le plan Seldon, elle a jusque là réussi, d'accord. Mais après, il se passe quoi sur les 500 années restantes ? Rien d'autre ? On peut crier victoire ? La fin est si ouverte que ça ?


Mais alors, le point d'orgue est vraiment l'histoire du Mulet ? Traité comme ça, à cheval entre deux chaises, enfin deux tomes ? Quel était donc le but des petits récits du tome 1, avec Mallow et les autres. Quel message Asimov souhaite-t-il dégager de tout ça ? Je sèche...


Le truc le plus dingue dans tout ça, c'est qu'on donne à Asimov un prix pour cette histoire qui ne se termine pas, le prix Hugo de "la meilleure série de science-fiction de tous les temps", dixit Wikipédia. Alors certes, ce n'est pas véritablement mal écrit, loin de là... enfin si on enlève ces passages nauséeux ou Asimov nous prend pour des chèvres bêêêêh. Bon, il faut reconnaitre qu'il a de très bonnes idées, porteuses de plein de choses, mais je ne trouve pas qu'il arrive à en faire un bon récit.



  • La "technologie religieuse" du tome 1 méritait vraiment un traitement spécifique, mieux adapté et plus propre à en tirer un message important, car c'est réellement un sujet important, dans les années 50 comme aujourd'hui.

  • Le démantèlement de Trantor, lui aussi aurait pu être approfondi en nous intéressant plus aux personnages qui l'ont vécu, et ce d'autant plus que la seconde fondation est intimement liée à l'histoire de cette planète.

  • L'histoire du Mulet ainsi que la réaction de la seconde fondation auraient pu être largement développés, avec des intrigues et rebondissements bien plus complexes.


Je constate que le seul truc qui me pousse à lire les 2 tomes restants, c'est l'idée de revoir R. Daneel Olivaw, "celui qui a monté tout ça".

Oatagaok
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le 10 juin 2017

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