Soleil vert
7.2
Soleil vert

livre de Harry Harrison (1966)

Avec un gout amer au travers de ma gorge j'ai la déception ténue face à cet ouvrage dont j'avais tissé quelques espérances. Grâce à mon professeur de cinéma l'année dernière j'ai pu apercevoir le début du film (le générique en réalité avec une musique qui rentre dans le crâne) attirantes photographies cousant une intrigue particulière. Alors, dans la librairie j'ai pu ravir le livre avant de voir le film (principes, principes). Seulement la profondeur des idées développées restent muettes tandis que la surface se noircit par des personnages, des événements, un embouteillage de moments piétinant une trame de base censée s'élever dans un zénith d'intelligence. Reste d'une déception au creux des désirs.


Oeuvre de science fiction, les personnages vivent dans un univers dystopique très proche du notre, manque de nourriture, manque de ressource, la population augmente quand la terre stérile ne procure plus rien comme richesse à la survie de la population. Ce fut l'idée centrale expliquée par quelques phrases tout au long du récit ; une diatribe d'un vieil homme également, intelligente, nouée dans la colère d'un peuple de plus en plus grand. Quelques fois j'ai pris peur, durant quelques secondes, monde ressemblant au notre, encore plus à présent qu'il y a quelques années. J'ai médité quelques fois, pas suffisamment toutefois pour ressentir pleinement le discours politique que l'auteur cherchait (peut-être, rien n'est moins sûr) à nous faire comprendre. Discours écologique en avant garde de son temps. Drôle d'effet de voir les précisions, la date aussi de la cette dernière page qui énonce cruellement l'année 2000 comme une déchéance complète. Encore cette terrible désillusion quand j'attendais quelques informations importantes rajoutées dans le film qui ne se trouvent pas dans le livre, informations augmentant les effets dramatiques de cet univers.


On patauge dans une histoire, un personnage principal sur lequel s'accrochent d'autre personnages, seulement leur psychologie laissent une saveur d'inachevée, de même que les événements s'enchaînant rapidement, les explications ne suivent pas (en tant que lectrice aimant s'immerger complètement j'ai été noyée dans le vide, un néant de superficialité) concernant cette planète à la dérive. Pour le coup, de repères je n'ai pas perdu, pour le coup quand j'ai réalisé que je n'aimais pas lire ce roman la suite de la lecture devint un Everest que j'ai gravi avec difficulté. Une fois réalisé que le récit édictait des faits avec une conclusion (et encore je suis gentille car s'il avait pris ce parti pris en soignant son style, il y aurait peut-être eu autre chose que de la lassitude) sans émotions, sans baffes, sans bousculade (regarde lecteur, prend peur) j'ai compris qu'il n'y avait rien qu'une histoire là pour procurer un semblant de plaisir.


Or, ce que je reproche, hurleuse chieuse que je suis (j'assume oui oui) c'est ce manque d'équilibre flagrant, ce manque de motivation de la part de l'écrivain qui allonge ses phrases, les transforment en action sans raison particulière. L'enquête même n'est pas une vraie enquête tout comme la dystopie n'est pas une vraie dystopie. L'écrivain se focalise sur un point important (ici le manque de nourriture) sans apporter autre chose, sans développer sa pensée. Pour cela, pour une idée méritant un discours percutant qu'elle n'aura jamais (sauf dans le film, tous mes espoirs reposent maintenant dans le visionnage de l'adaptation cinématographique) je suis en colère. Il aurait pu faire quelque chose de grandiose et rien n'est pire que ce gout de frustration brûlant sur les lèvres. Amatrice de sensations fortes, de voyages au creux de l'enfer quand je me noie dans les pages, je n'ai eu qu'un simagrée déroutant négativement, une superficialité noyant le bon dans une bourbe d'artificialité. Il tenait quelque chose, une bouillie informe a surgit au lieu d'un big bang d’ingéniosité.

Vagabonde_
3
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le 19 janv. 2017

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Vagabonde_

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