Bouquin qu'on m'a offert en dépit de la polémique, j'ai eu d'abord du mal à l'entamer tant le style est particulier. Puis rapidement, l'Islam prend une place importante dans le récit, et à ce moment là j'ai commencé à engloutir les pages.
Non pas par une quelconque passion soudaine, mais plutôt pour savoir jusqu'où la blague allait durer, si, finalement, l'auteur n'allait pas renverser son propos au dernier moment dans un moment de prise de conscience. Et malheureusement, la blague est bien réelle.
Dans un contexte politique et social aussi complexe, Houellebecq ne trouve tout bonnement rien de mieux à faire qu'imaginer un monde ou un islam radical se répand partout. Mettant en scène les thèses droitières de choc des civilisations, ravivant le mythe fondateur cher à l'extrême droite de l'acculturation, et adoptant un point de vue suffisant pas tellement éloigné de la vision colonialiste de l'époque, l'auteur nous pond une histoire bancale qui saura alimenter avec bonne humeur les pensées extrêmes qui, avouons le, manquent cruellement dans une Europe grignotée par l'angoisse et la peur.
Sans aucune forme de recul, sans distanciation prise avec un personnage principal misogyne conçu pour être la démonstration vivante mais factice d'une société en perdition, tout autre message, tout autre sujet est enterré au tracto-pelle Caterpillar tant l'histoire narrée parait être compulsivement et volontairement centrée sur l'Islam.
On subit de long en large des bêtises affligeantes, des énormités qui sont totalement à côté de la plaque et qui témoignent soit d'une ignorance profonde, soit d'un racisme latent, soit d'un calcul complètement raté de l'impact et des effets voulus par la lecture d'un tel récit, si tant est que l'auteur soit intellectuellement désolidarisé de ce discours droitier et misogyne qui parcourent le livre (mais alors dans ce cas je vois mal ce qu'il a tenté de dire).
Bref un bouquin à éviter.