Bien dosé, pas trop sucré

Nous suivons l'évolution de l'amitié de deux gamins de Jelucan séparés par leur origine sociale et qui partagent un rêve commun : voler, découvrir la galaxie, piloter, avec l'Empire pour seul horizon. S'ensuit un chassé-croisé entre deux conceptions du monde, de la vie, de la galaxie et de la place qu'ils peuvent chacun y trouver tout en explorant la possibilité toujours repoussée d'y vivre ensemble leur amour.
Le clivage Thane et Ciera décline les thèmes de l'engagement, de l'honneur, du sens de la mission et de l'intérêt supérieur de la collectivité sur l'individu et les injecte dans la machine impériale dont on découvre les rouages à travers les yeux de cadets aux hautes aspirations. Bien sûr, leur vision de l'Empire et leur confiance en ses fondements moraux les séparera mais l'amour, moteur de ce roman jeune adulte, tissera des liens que même la plus féroce adversité ne pourra totalement déchirer.
Le contexte et la description de l'éducation impériale ne sont pas bâclées au profit de l'amourette et des atermoiements des tourtereaux maudits. On va à l'essentiel, les réactions, questionnements et emportements sont crédibles et l'avancée en âge, la gestion du timing sont bien amenés. Quelques dilemmes bien sentis offrent un regard assez puissant sur la manière dont le personnel impérial a pu vivre des actions aussi radicales que la destruction d'Alderaan ou celle des Death Stars. Doute, indignation, révolte, auto-persuasion. L'épreuve du feu éthique totale et c'est bien ce qui pousse les deux protagonistes à un final flamboyant et plutôt réussi dans le ciel de Jakku.
Claudia Gray maîtrise bien la psychologie de ses personnages et ne démérite pas dans l'action, à l'image de ce qu'elle a pu faire dans Bloodline. Le ton propre à la cible du roman est assez subtilement dosé pour ne pas créer une incohérence de traitement trop flagrante avec d'autres romans traitant de périodes proches et clairement plus badass, comme Tarkin ou les Aftermath.