Stardust
7.2
Stardust

livre de Neil Gaiman ()

Il ne lui demanda pas comment elle connaissait son nom. Il le savait déjà : elle le lui avait pris q

J’ai découvert Neil GAIMAN grâce à une amie qui m’avait prêté ses romans graphiques (comics?) « Sandman », dont GAIMAN est l’auteur. Je suis immédiatement tombée sous le charme du style de l’écrivain, et ai poursuivi par la lecture d’autres de ses oeuvres, plus traditionnelles, comme « American Gods » et surtout mon chouchou « De bons présages », écrit en collaboration avec Terry PRATCHETT (RIP).


Pour moi, « Stardust » est un ouvrage à part dans la bibliographie de l’auteur. Paru en France en 2001, on retrouve le style doux-amer de GAIMAN, mais avec ce coup là une tendresse supplémentaire, une douceur qui n’est pas forcément présente dans ses autres livres. Une délicatesse qui vient du fait que le livre, comme « Coraline » ou « L’étrange Vie de Nobody Owens », est destiné à un public jeunesse.


« Stardust » est ancré dans les contes de fées et dans le folklore britannique. Ainsi, l’auteur ne cache pas ses références à SHAKESPEARE ou BUNYAN (prêcheur anglais du 17ème, auteur d’un roman allégorique sur la foi et les moeurs de l’époque). Sont présents des sorcières, des nains, des fées etc…


Au premier abord, l’histoire, je suis obligée de le dire, est des plus naïves et niaises. GAIMAN m’avait bien fait peur, avec son héros, grand benêt amoureux d’une égocentrique, qui pour l’amour de sa belle va dans une Forêt interdite pour ramener une étoile filante… Mais le piquant s’est immiscé quand l’étoile en question s’est trouvé être non pas un vulgaire bout de caillou, mais bien une damoiselle de chair et de cendres, au caractère bien trempé. Ajoutez à cela 3 sorcières qui veulent lui arracher le coeur pour avoir la jeunesse éternelle, et on passe du conte de fées banal à un roman des plus original.


Toutes les évidences, les clichés des contes de fées sont présents: il y a bien sûr une quête, un amour impossible, un enfant volé, une recherche du pouvoir, un voyage initiatique… Diverses histoires se croisent et finissent par se mêler inextricablement avec une logique à saluer. GAIMAN mène son intrigue de main de maître, et le dénouement m’a surprise, sans m’avoir choquée. Bref, l’équilibre parfait.


De prime abord, le récit semble manquer de noirceur, mais les sorcières ou les morts à répétition des fils de Stormhold sont bien là pour nous rappeler que GAIMAN n’est pas un enfant de choeur. Il se dégage de cet ouvrage une forme de cruauté, mais une méchanceté « honnête » et presque aussi innocente que la niaiserie du héros Tristan. Ainsi, l’un des meilleurs passages du livre est quand la sorcière s’excuse auprès de l’étoile de vouloir lui arracher le coeur. La sorcière, finalement, ne faisait que ce que son rôle lui imposait. Et l’étoile, loin de ressentir une haine bien normale, semble comprendre les actes de la sorcière, et les admettre comme normaux.


Extrait:


– J’ai donné mon coeur à un autre.
– Tu aurais mieux fait de me le laisser le ramener à la maison pour mes soeurs et moi, alors. On aurait pu redevenir jeunes et traverser un nouvel âge avec la beauté de nos vingt ans. Ce garçon va le briser, ou le gâcher, ou le perdre. Ils le font tous.
– Il n’en demeure pas moins que mon coeur lui appartient, insista Yvaine. J’espère que vos soeurs ne se montreront pas trop dures avec vous, lorsque vous rentrerez sans lui. »


En conclusion, GAIMAN signe une oeuvre efficace, un livre doux-amer qui ravira les jeunes comme les plus vieux. Si ce livre n’est pas mon préféré de l’auteur, j’ai adoré les clins d’oeil à la Faerie classique, et la plume de GAIMAN est toujours aussi merveilleuse. Les répliques cultes sont nombreuses, et le style de l’auteur est toujours aussi inimitable. En voici quelques exemples:


« Lampes et chandelles brillaient derrière les fenêtres : chaleureux halos de lumière blonde scintillant comme autant d’invites amicales, et, au-dessus d’eux, crépitaient les étincelles brasillantes d’une myriade d’étoiles, froides et lointaines, et trop nombreuses pour que l’esprit puisse les englober toutes. »


« Il ne lui demanda pas comment elle connaissait son nom. Il le savait déjà : elle le lui avait pris quand il l’avait embrassée, entre autres choses, comme son coeur, par exemple. »

Créée

le 11 mars 2018

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