Pas simple de résumer un livre aussi dense. Pas simple de résumer une telle vie.
Qu'est-ce que la critique d'une biographie? Est-ce un avis sur l'angle utilisé par l'auteur ou bien un bilan de la vie du protagoniste sur la couverture? L'exercice n'est pas évident.


Concernant l'exercice de style d'abord. Il paraît incroyable qu'un personnage à ce point caractérisé par un besoin obsessionnel de tout contrôler ait pu permettre la sortie de ce livre, qui est loin de sombrer dans l'hagiographie. C'est encore plus surprenant lorsque l'on sait qu'il n'a même pas tenu à le lire.


Pour ma part, j'ai absolument tenu à le lire, ce qui tombe bien puisque j'en rédige la critique.


Isaacson a fourni un travail considérable, rassemblant témoignages et documents, en passant par des échanges fréquents avec Steve Jobs en personne. La taille du livre aurait pu mille fois me décourager mais jamais je n'ai perdu le fil. Maintenant il n'est pas certain que s'il avait fait de même pour une autre célébrité, j'aurais fait preuve de la même endurance.


Jobs est à lui tout seul un personnage de roman, excessif, théâtral, qui trouve son apogée dans la mise en scène de sa propre personne et de son entreprise, bien qu'il semble souvent difficile de distinguer ces deux entités.


Jobs fait partie, comme bon nombre de célébrités ayant permis d'influer sur le quotidien de monsieur-tout-le-monde, d'un rang à part. Reprendre aujourd'hui une de ses citations, c'est appuyer son propos de l'aura de son statut d'icône, d'homme visionnaire. Mais Steve Jobs était-il un exemple à tout point de vue? Je ne le pense pas. Et je ne crois pas qu'il se voyait en tant que tel. Du moins l'auteur nous fait immédiatement comprendre qu'il ne joue pas la connivence avec cette biographie autorisée.


Je dois avouer avoir appris un nombre incalculable de choses que j'ignorais sur Jobs et ce fut très enrichissant.


On se demande rapidement, comment ce gamin, shooté au LSD, embrigadé par un gourou, ne se lavant presque jamais, et au tempérament difficilement vivable a pu mener si haut une petite entreprise créée dans un garage.
On comprend rapidement que son intelligence première est sa capacité à savoir s'entourer des bonnes personnes. Ensuite il dispose de ce don incroyable décrit comme le Champ de Distorsion de la Réalité, socle de son leadership, lui permettant d'embarquer ses équipes avec lui même sur des projets fous.
Et puis on se dit que cela n'explique pas tout.


La leçon la plus belle du livre, et donc de sa vie, c'est que pour que la mayonnaise prenne, il lui a fallu des échecs et des remises en question. Même s'il ne semblait pas a priori prédisposé pour ce dernier point. Et c'est là que tout le livre prend son sens.


Enfin, pour expliquer la montée fulgurante d'Apple au rang des plus grandes sociétés mondiales, on ne peut exclure l'urgence due à la maladie. Si Jobs ne s'était pas senti condamné, aurait-il lancé coup sur coup l'iMac, iTunes, l'iPod, l'iPhone et l'iPad, tous d'immenses succès ayant bouleversé nos vies à toutes et à tous?


Pour conclure, je dois reconnaître qu'il faut un peu s'intéresser aux balbutiements de la micro-informatique et aux guerres avec IBM et Microsoft pour être totalement embarqué dans le récit. Et j'imagine bien que cela peut en rebuter plus d'un. Cela n'a pas été mon cas, loin de là.

EstFaTum
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le 7 janv. 2018

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Sophiste PTC

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