Et bien voilà : je me demande si je n’aurais pas dû lire Sur La Route saoul de bout en bout, pour en capter toute la dimension délirante et hallucinée. C’est pourtant bien sobre que je l’ai lu, le plus souvent.
Il pourrait être très chiant ce livre. Il ne l’est absolument pas. Il y a bien des longueurs, Kerouac part parfois si loin qu’on a du mal à le suivre, c’est souvent alambiqué à l’extrême. Mais c’est aussi un récit dont la lecture se fait souple comme les lacets de la 66, un récit déroutant dans le bon sens du terme. Ça se lit tranquillement, posé n’importe où. C’est facile d’y plonger, dans ce flot ininterrompu de mots et d’images.
Étonnement, c’est un livre dont l’histoire n’a que peu d’intérêt ; peut-on d’ailleurs parler d’histoire ? Mais il laisse en revanche une impression, un goût particulier, comme peu d’autre.
Au risque de tomber dans le cliché du « chef d’œuvre de la beat generation », c’est vrai qu’il bouscule vos certitudes de "jeune cadre dynamique". Que c’est paradoxal de le lire dans le métro (boulot, dodo).
Et, bien sûr, il donne surtout envie de s’en aller, de se barrer sur les routes, je ne vous apprends rien. C’est sans doute son but premier, et de ce point de vue c’est une réussite totale.
Nota Bene : je l'ai lu dans sa version moderne, chapitrée, sans quoi je pense qu'il y a de quoi se noyer.