Je poursuis donc ma relecture des "Twilight", saga de l'adolescence lue en peu de jours à l'époque, qui m'avait garanti des jours enneigés et agréablement passés au coin du feu alors que rien ne comptait. Un brin nostalgique de cet âge béni, il faut l'avouer, cette relecture que j'aurais deviné désagréable est finalement l'opposé. Si on ne lit définitivement pas de la grande littérature, je suis toujours épaté par la fulgurance que porte cette histoire, au sens où décidément, j'ai rarement lu un livre aussi "simple". Et ici, rien de négatif, mais cette simplicité qui fait soupirer de plaisir lorsque l'on ne cherche surtout pas quelque chose qui ferait réfléchir, se questionner ou remettre en position sa vie actuelle. Je trouve la saga truffée de défauts assez révoltants, si on y réfléchit un peu, mais en perspective de l'effort minime que me demande l'adhésion à ce livre, je n'ai honnêtement ni la force ni l'envie de décocher des coups bas à une tétralogie sans prétention. Grand succès, certes, grand émoi dans le public adolescent, certes; mais je n'ai jamais vu ces livres comme pétant plus haut que leur cul.
On progresse donc dans l'histoire de Bella, qui je présume deviendra encore plus agaçante à ses détracteurs. Parce que voilà, notre pauvre vielle Bella s'est fait larguer comme une vieille chaussette, et cette histoire étant sous l'aune de la démesure, on se doute bien que ce ne sera pas un petit "chagrin d'amour" qui la traversera en début de roman. Et honnêtement, la démesure dans ce genre de roman ne fait qu'accentuer sa principale qualité: une évasion, évidemment pas direction un 4 étoiles aux Baléares, mais à un si petit prix de lecture qu'il serait dommage de s'en priver.
Alors j'ai bien aimé cette dépression rendue par Meyer à la puissance mille. J'ai encore plus aimé, j'imagine, la reconstruction qui suit, et notamment le personnage de Jacob que je n'aimais pas à l'époque, et qui ici m'a paru finalement beaucoup plus sympathique que la bande de vampires. Le tout est mené avec suffisamment de retenue quant à l'intrigue pour ne pas que le plaisir soit bousillé par un scénario de fond qui restera toujours le boulet de la saga. Je m'en étais rendu compte dans le premier tome, c'est bien confirmé ici: dès le moment que "l'action" se met en place, je perds un peu d'envie. Mais c'est au demeurant mineur.
Et c'est avec ce deuxième tome que s'ancre réellement toute la saga, avec tous les protagonistes que l'on retrouvera par la suite. Et je trouve ça suffisamment pondéré pour que le parti pris ne soit pas trop biaisé: si le premier tome marquait bien l'adhésion à l'idée du couple "Bella/Edward", ce deuxième tome est bien celui de Jacob.
Seule Bella, même avec ma clémence inhabituelle face à l'oeuvre de Meyer, sera parfois agaçante quant à son obsession pour Edward, d'autant plus lorsqu'on se rend compte que c'est ce pauvre vieux Jacob qui, à son tour, jouera le rôle de la vieille chaussette.